medecin en consultation

Papules : causes et traitements en dermatologie

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Les papules sont des lésions cutanées sèches, surélevées et non purulentes, souvent bénignes mais parfois liées à des affections graves.
  • Causes variées : Elles peuvent être d’origine virale (varicelle, zona), allergique (cosmétiques, piqûres), inflammatoire (acné, psoriasis) ou génétique (maladie de Darier).
  • Diagnostic clinique : Un médecin traitant, appuyé par des outils diagnostiques (dermatoscope, biopsie), peut diagnostiquer et traiter les papules.
  • Traitements personnalisés : Crèmes, antibiotiques, corticoïdes ou antihistaminiques sont utilisés selon la cause, et des traitements plus lourds (chirurgie, laser) en cas de risque cancéreux.
  • Prévention : Routine de soin adaptée et consultation médicale dès l’apparition de papules suspectes sont essentielles.

Le saviez-vous ?

Qui n’a jamais été agacé par ce petit « bouton », qui surgit toujours la veille d’un rendez-vous important ?

Nous avons tous connu ce moment plus ou moins gênant et, pour cause, la papule, nom « savant » de ce « bouton » qui nous traumatise tant, est une lésion dermatologique courante, bien souvent bénigne et qui, disparait aussi vite qu’elle apparait.

Si elle est très souvent sans gravité, la papule peut toutefois cacher un problème médical plus sérieux, qui peut se compliquer s’il n’est pas traité à temps.

Alors, si ces lésions vous incommodent dans votre quotidien, que ce soit par un prurit incessant ou une fatigue inhabituelle, si elles s’étendent ou si elles s’accompagnent de fièvre ou de nodules, il est impératif de consulter rapidement un médecin.

Si le dermatologue reste la référence de choix dans le diagnostic des papules, sachez que votre médecin traitant peut également intervenir pour traiter ce type de maladies de peau.

Alors qu’appelle-t’on papule ? À quoi est-elle due ? Comment la diagnostique-t’on ? Et, comment la soigne-t’on ?

C’est ce que nous verrons dans cet article.

Qu'est-ce qu'une Papule ?

Une papule est une petite lésion cutanée solide, surélevée et sèche : elle ne contient donc ni pus ni liquide aqueux, y compris à la pression.

Elle peut mesurer jusqu’à 10 mm de diamètre, et peut prendre différentes formes comme une plaque, un cône ou une demi-sphère par exemple.

Elle peut être rose, rouge, et parfois, brune.

Elle est généralement érythémateuse mais elle peut être angiomateuse avec une lichénification de la peau (épaississement avec exagération des sillons).

Elle peut être lisse, squameuse, parfois ulcérée, et peut « encercler » un follicule pileux.

Elle peut être isolée, localisée sur une zone (le visage par exemple) ou être disséminée sur tout le corps (on l’appelle alors papulose).

Les papules peuvent s’accompagner, selon les causes, de fièvre, de frissons, d’adénopathies et/ou de démangeaisons (papules prurigineuses).

Les verrues, le lichen plan, les kératoses séborrhéiques, les kératoses actiniques, certains stades de l’acné, les cancers de la peau ou encore les piqûres d’insectes sont des exemples de papules.

papules

Causes des Papules :

Les papules peuvent apparaitre pour différents motifs : allergie, maladie inflammatoire, maladie infectieuse, hérédité …

On distingue principalement deux types de lésions, qui sont déterminées par l’endroit où elles naissent :

  • Les papules épidermiques, qui se développent au niveau de l’épiderme, et
  • Les papules dermiques, qui se développent plus en profondeur, au niveau du derme.

 

Leurs causes peuvent être internes ou externes.

Causes internes :

 

Causes externes :

Maladies infectieuses et virales :

 

Maladies infantiles :

Varicelle, rougeole, maladie pieds-mains-bouche, rash cutané.

 

Maladies de l’adulte :

zona, verrues, tuberculose…

 

Infections virales :

Infections sexuellement transmissibles (syphilis), infections à papillomavirus (condylome papuleux), papulose bowénoïde (papules pré-cancéreuses du pénis) …

 

Papules épidermiques irritatives dues au frottement des vêtements synthétiques sur la peau.

La génétique :

 

Dermatite atopique du nourrisson (récidive possible à l’âge adulte).

 

Kératose pilaire.

 

Papulose atrophiante maligne (bras et tronc).

 

Maladie de Darier.

 

Exposition prolongée au soleil sans protection.

L’inflammation :

 

Dermatite inflammatoire chronique : acné, psoriasis, rosacée, lichen plan (papules érythémateuses).

 

Foliculite.

 

Papules de Gottron (mains).

 

Papules fibreuses du nez.

Réaction allergique :

 

Certains médicaments,

Certains métaux des bijoux,

Latex,

Certains agents chimiques (cosmétiques, lessives…),

Certaines plantes (ortie) …

Fluctuations hormonales (cycle menstruel, ménopause…).

 

Piqûres ou morsures d’insecte.

Mauvaise alimentation, stress…

 

 

Focus sur la maladie de Darier, maladie génétique rare mais invalidante :

La maladie de Darier est une maladie génétique rare, chronique, qui évolue par poussées, et dont le gène responsable est le ATP2 A2.

Elle se traduit par une mauvaise adhérence des cellules de la peau.

Elle apparait d’abord à l’adolescence. Elle n’est pas contagieuse.

Elle se caractérise par des papules sèches brun-jaunes recouvertes d’une croûte grisâtre qui donne à la peau un aspect crasseux et, qui dégage une odeur nauséabonde.

Elle touche le visage, le cou, le cuir chevelu, le tronc, l’aine, les aisselles, et parfois les extrémités.

Diagnostic des papules en dermatologie :

Si vous constatez des papules anormales ou si elles sont accompagnées d’autres symptômes comme des démangeaisons, de la fièvre ou encore des ganglions, vous devez consulter votre médecin traitant pour qu’il puisse identifier la cause.

En effet, même si dans la pratique, on a tendance à se diriger vers les dermatologues pour traiter les affections cutanées, leur pénurie rend l’accès à leur expertise très difficile sauf à bénéficier d’une télédermatologie.

Pour être pris en charge rapidement, le recours au médecin traitant, que l’on doit de toute façon consulter en première intention dans le cadre du respect du parcours de soins, est une excellente alternative.

D’autant plus que le médecin généraliste peut s’appuyer sur les formations continues pour compléter son cursus initial, et acquérir les compétences nécessaires au diagnostic de bon nombre de maladies de peau.

Il pourra ensuite orienter le patient chez un dermatologue en cas de besoin.

 

Examen Clinique : 

La première étape dans le diagnostic des papules consiste en un interrogatoire complet et minutieux du patient afin d’obtenir un historique clinique précis.

Les éléments les plus importants à relever sont :

  • Les antécédents personnels ou familiaux (eczéma atopique),
  • La prise de médicaments (actuel et récemment pris),
  • Les allergies,
  • Les expositions professionnelles (dermatite de contact) ou personnelles (contact avec un malade contagieux),
  • L’exposition prolongée à la lumière du soleil,
  • Les maladies systémiques : diabète (Candida), hépatite C (cryoglobulinémie),
  • La sexualité (syphilis).

L’histoire des lésions cutanées est également importante : date et mode d’apparition des premières papules, topographie et aspects initiaux, mode d’extension, évolution et facteurs déclenchants …

Une fois l’interrogatoire terminé, le médecin réalise l’examen clinique qui est l’examen diagnostic de référence.

Il s’agit de l’observation et de l’analyse des lésions pour définir leurs signes caractéristiques : morphologie primaire (type des lésions), morphologie secondaire (configuration des lésions), zones touchées, taille, couleur, consistance (présence de liquide ou pas), nombre, etc.

Cette inspection visuelle doit être complète, notamment en cas d’éruption généralisée. En plus de la peau, le médecin doit également examiner le cuir chevelu, les ongles et les muqueuses.

Différents outils diagnostics peuvent être utilisés pour évaluer les lésions. Parmi ceux-ci, on retrouve :

  • La loupe simple,
  • Le dermatoscope portatif avec éclairage intégré,
  • La diascopie,
  • La lampe de Wood.

Le médecin relève ensuite les symptômes associés : fatigue, prurit, adénopathie, fièvre, frisson…

 

Télédermatologie :

Il s’agit d’une téléconsultation ou d’une téléexpertise.

Elle peut compléter la consultation habituelle mais, elle n’a pas vocation à la remplacer. Elle peut être indiquée en cas de difficulté d’accès à l’expertise d’un dermatologue en présentiel.

Les Tests complémentaires :

La Biopsie :

 On peut recourir à la biopsie cutanée, dans les cas douteux ou complexes (suspicion de lésions cancéreuses ou papulose bowénoïde par exemple), pour confirmer la nature de la papule.

Les Tests allergiques :

 Enfin, en cas de papules d’origine allergique, des tests spécifiques, appelés Patchs tests, peuvent être prescrits.

L’allergologue effectue ces tests épicutanés pour identifier les allergènes em cause. Il faudra ensuite les éviter autant que possible ou suivre un traitement de désensibilisation.

Diagnostic différentiel :

Les papules ne doivent pas être confondues avec d’autres lésions comme :

Les macules : qui sont des lésions planes, non palpables, et d’un diamètre < 10 mm. Elles peuvent être blanches, jaunes ou rouges. Ces dernières disparaissent à la pression.

Les plaques, les taches de rousseur, les naevus plats ou l’angiome plan « lie de vin » sont des papules. On les retrouve aussi dans les éruptions des infections à rickettsie, de la rubéole, de la rougeole ainsi que dans certaines formes de toxidermies (réaction d’hypersensibilité retardée à un médicament).

Les pustules : elles contiennent une petite pointe blanche et un liquide clair ou purulent.

Les plaques : ce sont des lésions palpables d’un diamètre > 10 mm. Elles peuvent être plates ou arrondies.

On les retrouve dans le psoriasis ou le granulome annulaire.

Les nodules : ce sont des papules fermes et plus profondes. Elles s’étendent dans le derme ou dans le tissu sous-cutané, comme c’est le cas avec les kystes, les lipomes ou encore les fibromes.

Les vésicules : ce sont de petites collections de liquide d’un diamètre < 10 mm. Elles sont typiques des infections herpétiques, des formes aiguës de dermatoses allergiques de contact et de certaines maladies auto-immunes vésiculobulleuses (comme la dermatite herpétiforme).

Traitements des Papules :

En présence de papules, il est préférable de ne rien appliquer avant d’avoir consulté un médecin. Il déterminera la cause et établira un protocole de soins adapté et personnalisé.

La durée du traitement dépend de la cause.

Il peut être prescrit pour une durée assez courte en cas de piqûre d’insecte ou d’urticaire où les papules ont tendances à disparaitre rapidement.

Mais, il peut être prescrit pour une période assez longue allant jusqu’à plusieurs mois, notamment en cas de maladies comme l’eczéma, la rosacée ou l’acné, par exemple.

Les traitements topiques :

Les traitements topiques les plus prescrits sont les crèmes et les gels à base de peroxyde de benzoyle, d’acide azélaïque, de rétinoïdes ou d’acide salicylique, indiqués pour réduire l’inflammation et déboucher les pores. On les utilise dans les lésions de l’acné juvénile par exemple.

crème pour traiter des papules

Les antibiotiques topiques :

Efficace sur la plupart des souches de l’acné, la clindamycine est l’antiacnéique local le plus couramment recommandé.

D’autres antibiotiques topiques peuvent être prescrits en cas d’infection bactérienne sous-jacente (folliculite légère ou infection secondaire).

Les dermocorticoïdes :

Des corticoïdes en application locale peuvent soulager l’irritation cutanée due à l’allergie ou à l’eczéma par exemple.

Les antihistaminiques :

On les prescrit surtout pour les papules d’origine allergique ou celles dues à une piqûre d’insecte.

Les traitements médicamenteux oraux :

Dans le cas de maladies plus graves ou si les traitements locaux ne suffisent pas, on peut recourir aux antibiotiques (cyclines) ou aux anti-inflammatoires par voie orale.

Les Procédures Dermatologiques :

Le dermatologue peut aussi décider d’utiliser d’autres procédés comme :

 

  • La cryothérapie, pour traiter les verrues par exemple.
  • Le laser, pour certaines lésions bénignes,
  • Le peeling chimique à l’acide salicylique et glycolique, pour soigner les papules de l’acné inflammatoire …

Il peut enfin décider de pratiquer une intervention chirurgicale, elle-même associée à une chimiothérapie locale, en cas de papules pré-cancéreuses comme celles observées dans la papulose bowénoïde, où les lésions ont tendance à évoluer vers un cancer.

À noter qu’on ne gratte pas les lésions pour éviter les complications : séquelles cicatricielles des lésions de grattage, surinfection…

Soins de la peau et prévention des papules :

Pour entretenir la peau et prévenir les récidives d’affections cutanées, nous conseillons d’installer une routine qui favorise le nettoyage doux et régulier des zones atteintes, avec des produits non comédogènes et contenant le moins d’ingrédients possibles.

Nous recommandons également l’utilisation de crèmes hydratantes adaptées aux peaux fragiles pour réduire l’inflammation.

En cas d’allergies, l’identification des allergènes potentiels (cosmétiques, produits chimiques) permettra d’ajuster les soins en conséquence.

 

Consultation régulière en Dermatologie :

Quoi qu’il en soit, il est important de suivre les conseils du dermatologue ou du médecin pour mieux gérer les affections chroniques comme l’eczéma ou le psoriasis.

Et, de consulter dès l’apparition de papules suspectes ou si elles se chronicisent.

Pour conclure...

Comme nous l’avons vu, de nombreuses maladies inflammatoires, infectieuses, virales, et même systémiques peuvent provoquer des papules.

Si le dermatologue est le médecin de référence pour soigner ces affections cutanées, le délai moyen pour obtenir un rendez-vous a considérablement été allongé ces dernières années, ce qui rend difficile l’accès à leur expertise.

Le médecin généraliste est donc une alternative de choix pour prendre en charge les papules.

Toutefois, la multitude et la complexité des maladies de peau peuvent freiner l’implication du médecin généraliste dans leur prise en charge.

Pourtant, il peut se saisir de son obligation triennale pour compléter sa formation initiale et renforcer ses compétences avec les actions de DPC spécialisées dans l’aide au diagnostic dermatologique par exemple. 

Que pensez-vous du rôle du médecin généraliste dans le diagnostic et la prise en charge des papules ?

Avez-vous des questions à leur sujet ?

Quels conseils donneriez-vous aux personnes souffrant de maladies de peau chroniques ?

Enfin, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager ! 

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre catalogue de formations DPC.