personne qui tousse sur son canapé

L’approche diagnostique face à une suspicion de BPCO

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Prévalence élevée : La BPCO touche environ 5 millions de personnes en France et sera la 4e cause de mortalité d’ici 2030.
  • Symptômes : Les principaux signes sont la toux chronique, les expectorations et la dyspnée qui s’aggravent avec le temps.
  • Facteurs de risque : Le tabagisme est responsable de 85 % des cas, suivi des expositions professionnelles et de la pollution.
  • Diagnostic : La spirométrie est l’examen clé pour diagnostiquer la BPCO, complétée par des tests comme la gazométrie et la radiographie.
  • Prise en charge : Le sevrage tabagique, les bronchodilatateurs, et la réhabilitation respiratoire sont essentiels pour améliorer la qualité de vie et ralentir l’évolution de la maladie.

Le saviez-vous ?

En France, la BPCO concerne environ 5 millions de malades.

Elle est responsable de 3 % des décès annuels. En 2030, elle devrait être la 4ème cause de mortalité.

Du fait de son caractère insidieux et lent, la BPCO est considérée comme « un tueur silencieux ».

L’inflammation et l’obstruction progressive des bronches caractérisent cette maladie pulmonaire particulièrement sous diagnostiquée.

Il est pourtant impératif de la diagnostiquer dès les premiers signes de gêne respiratoire pour éviter la détérioration de la qualité de vie des patients voire d’engager leur pronostic vital.

La BPCO est une maladie irréversible, mais sa prise en charge ralentit son évolution et peut même inverser certains symptômes.

Qu’est-ce que la bronchopneumonie chronique obstructive, comment la diagnostiquer et la prendre en charge ?

Qu'est-ce que la BPCO ?

La BPCO est une maladie du tissu pulmonaire qui se caractérise par une obstruction progressive, chronique et irréversible des voies respiratoires. Elle est ponctuée d’épisodes d’exacerbations.

Elle se définit par une toux et la production d’expectorations pendant au moins 3 mois, durant deux années consécutives.

L’inflammation chronique et diffuse des voies aériennes entraîne une hypersécrétion de mucus permanente et récidivante, responsable des expectorations.

Et, l’hypersécrétion chronique associée à l’épaississement des parois des bronches finissent par les obstruer.

La BPCO est associée à de nombreuses comorbidités qui peuvent affecter différents organes et fonctions : métaboliques, musculaires, cardiaques, gastro-intestinales, psychiques (anxiété, dépression) …

Un patient atteint de BPCO présente en moyenne cinq comorbidités.

personne qui tousse dans son salon

Causes et Facteurs de Risque :

Le tabac :

85 % des cas de BPCO sont causés par le tabagisme actif et sevré.

La BPCO touche :

  • 15 à 20 % de la totalité des fumeurs ;
  • 20 % des fumeurs de plus de 40 ans ;
  • 50 % des fumeurs de plus de 65 ans.

 

La fumée du tabac contient des substances toxiques et irritantes qui détruisent progressivement le revêtement protecteur des bronches : les cellules ciliées, qui rejettent poussières et microbes, et les cellules glandulaires, qui engluent les impuretés grâce au mucus qu’elles secrètent.

À terme, le calibre des bronches rétrécit et la bronchite chronique apparaît.

Le tabac détruit aussi progressivement la paroi des alvéoles pulmonaires, engendrant de l’emphysème.

À noter que le tabagisme passif peut également favoriser une BPCO.

D’autres facteurs de risque induisent le même mécanisme destructeur.

Parmi ceux-ci, on retrouve les polluants intérieurs, industriels ou atmosphériques (pollution particulaire et fumées domestiques).

 

Les expositions professionnelles :

Elles constituent environ 15 % de l’étiologie des BPCO.

Dans le secteur agricole, elles sont dues aux particules organiques (poussières de céréales ou végétales, toxines bactériennes ou fongiques) mais aussi aux endotoxines, à l’ammoniac, aux pesticides…

Dans le secteur textile, elles sont dues aux poussières textiles végétales et aux microorganismes bactériens et fongiques comme celles que l’on trouve dans les exploitations de chanvre, lin, coton, sisal et jute.

Dans les secteurs minier, métallurgique et du BTP, elles sont dues aux poussières organiques, gaz et combustibles, poussières de silice et de charbon, fumées de diesel, oxydes métalliques, potasse…

 

Les facteurs génétiques :

Un déficit en alpha-1-antitrypsine (A1AT), un inhibiteur enzymatique qui protège le parenchyme pulmonaire, est un facteur de risque génétique identifié de la BPCO.

Enfin, les infections respiratoires à répétition dans l’enfance grignotent le capital souffle et peuvent favoriser l’apparition d’une BPCO .

Symptômes de la BPCO :

La BPCO se caractérise par 3 symptômes majeurs qui s’aggravent

avec le temps : la toux, les expectorations et la dyspnée.

Les signes précoces regroupent une toux chronique, une production excessive de mucus et un essoufflement pendant les efforts physiques.

Les symptômes avancés regroupent un essoufflement au repos, des sifflements respiratoires, une fatigue chronique et des infections pulmonaires fréquentes.

Diagnostic de la BPCO :

Consultation Médicale :

Le diagnostic de BPCO est généralement posé lors du 1er épisode d’exacerbation : majoration de la dyspnée, expectorations importantes plus ou moins purulentes et majoration de la toux.

À noter que 70 % des exacerbations sont de nature infectieuse.

En présence de symptômes respiratoires, il est primordial de consulter un médecin qui prescrira des examens et un traitement adapté.

patient consulte son médecin généraliste

 

Tests Diagnostiques :

La spirométrie :

C’est le test principal pour évaluer la fonction pulmonaire et diagnostiquer les obstructions.

En effet, la spirométrie permet d’étudier :

  • Les débits ventilatoires et notamment le VEMS, c’est-à-dire le volume maximal que le patient peut expirer en une seconde, et
  • Les volumes mobilisables, soit la capacité vitale, c’est à dire le volume totalmobilisé après une inspiration et une expiration maximale.

Les volumes pulmonaires et les débits bronchiques du patient sont mesurés grâce à des manœuvres respiratoires, notamment à l’expiration, à travers un embout buccal relié à un spiromètre.

La maladie est confirmée si le VEMS du patient est diminué malgré l’inhalation d’un bronchodilatateur de courte durée d’action.

Plus les voies aériennes sont obstruées, plus le volume d’air expiré est faible. Le VEMS est donc un indicateur de la sévérité de l’obstruction bronchique.

Cette classification intègre la sévérité de la dyspnée d’effort, l’altération de la qualité de vie et le nombre d’exacerbations dans l’année.

D’autres critères sont également retenus comme les paramètres nutritionnels et la tolérance à l’exercice (capacité et acceptabilité à faire de l’exercice). 

La classification de la BPCO :

La classification GOLD (Gold Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease) permet d’évaluer le degré de sévérité de la BPCO.

Stade :

Obstruction :

Caractéristiques

0

À risque

Spirométrie normale mais toux et expectorations chroniques.

1

Légère

VEMS supérieur à 80%.

Avec ou sans symptômes chroniques : toux, dyspnée et expectorations.

2

Modérée

VEMS comprise entre 50 et 80%.

Avec ou sans symptômes chroniques.

3

Sévère

VEMS comprise entre 30 et 50%

Avec ou sans symptômes chroniques.

4

Très sévère

VEMS inférieure à 30% ou,

VEMS inférieure à 50% avec insuffisance respiratoire chronique ou,

VEMS inférieure à 50% avec insuffisance cardiaque droite.

La radiographie thoracique :

Elle a peu d’intérêt dans le diagnostic de la BPCO mais, elle permet d’écarter d’autres diagnostics possibles.


La tomodensitométrie :

Elle permet de mettre en évidence la présence d’emphysème. Elle peut être utile en cas de doute ou dans les formes sévères.

Tests complémentaires :

La gazométrie artérielle, réalisée au repos, permet d’évaluer l’oxygénation et les échanges gazeux. Elle doit être réalisée en cas de dyspnée importante et/ou de VEMS < 50 %.

Les bilans sanguins : la NFS est indiquée pour détecter une polyglobulie ou une anémie.

Ils seront complétés par les tests spécifiques comme le Test de marche de 6 minutes, l’échelle de dyspnée MMRC ou l’échelle de Sadoul (test de la montée des marches).

Et, par l’évaluation des comorbidités : maladie cardiovasculaire, cancer bronchique, ostéoporose, dénutrition, anémie, dépression…

Prise en Charge de la BPCO :

Le sevrage tabagique :

Les substituts nicotiniques seront prescrits en première intention.

En cas d’échec et après information sur les effets secondaires, la Varénicline pourra être proposée.

Des séances d’hypnose, d’acupuncture ou de relaxation pourront compléter la prise en charge.

L’arrêt du tabac, à tous les stades de la maladie, permet de stabiliser la fonction respiratoire du patient.

 

Les traitements médicamenteux :

Adaptés au stade de la BPCO, ils permettront de soulager les symptômes. Les traitements les plus souvent prescrits sont :

  • Les bronchodilatateurs, de courte ou de longue durée d’action, qui permettent de dilater les voies respiratoires et d’améliorer le débit d’air. Il en existe différentes classes dont le choix dépendra de la réponse individuelle du patient. On les trouve sous forme d’aérosol-doseur, inhalateur à poudre sèche, nébulisateur mais ils peuvent aussi être pris par voie orale.

 

  • Les corticostéroïdes inhalés qui sont indiqués si la dyspnée impacte les activités quotidiennes et si le VEMS < 50 %. Ils sont prescrits en association.

 

  • Les antibiotiques prescrits en cas de dyspnée d’effort associée à un VEMS < 50 % si l’expectoration est purulente et verdâtre et, systématiquement en cas de dyspnée au moindre effort associée à un VEMS < 30 %.

Les traitements complémentaires :

La vaccination antigrippale annuelle et la vaccination antipneumococcique tous les 5 ans sont fortement conseillées aux patients en insuffisance respiratoire chronique. 

 

L’oxygénothérapie :

Dans les formes les plus sévères entraînant une insuffisance respiratoire chronique, l’oxygénothérapie de longue durée est nécessaire.

L’OLD est indiquée si la PAO2 diurne < 55 MMHG sur 2 mesures des gaz du sang à 3 semaines d’intervalle ou 56 MMHG < PAO2 diurne < 59 MMHG associée à des signes cliniques de cœur pulmonaire ; de diagnostic hypertension artérielle pulmonaire ; de désaturation artérielle en oxygène nocturne (hors apnée du sommeil) ou de polyglobulie.

Elle peut être complétée par une ventilation, non invasive ou invasive. 

 

La réhabilitation respiratoire (RR) :

À partir du stade 2 de la maladie, la RR peut être proposée.

Elle s’articule autour de deux axes :

  • Le entraînement à leffort par des activités physiques adaptées (endurance et renforcement des muscles périphériques, équilibre, posture) et, 
  • L’éducation thérapeutique du patient : sevrage tabagique, observance thérapeutique, méthodes de prise des traitements inhalés (60 à 80 % des malades souffrant de BPCO ne se servent pas correctement de leur inhalateur), équilibre nutritionnel, gestions des exacerbations…

 

La prise en charge est multidisciplinaire et peut être réalisée en hospitalisation complète (de 4 à 6 semaines), en hôpital de jour (2 ou 3 fois par semaine) ou à domicile.

 

Les techniques de désencombrement comprennent :

L’exercice de toux dirigée se pratique en position assise et consiste à prendre une inspiration maximale lente suivie d’une période d’apnée de quelques secondes et de 2 ou 3 toussotements.

L’exercice de toux soufflante qui consiste à faire 2 ou 3 expirations forcées à partir de volumes pulmonaires bas ou moyens, en laissant la glotte ouverte.

La respiration à lèvres pincées qui consiste à inspirer lentement par le nez jusqu’à avoir la sensation de poumons pleins puis à pincer les lèvres comme pour souffler une bougie pour finir par expirer lentement, sans forcer, en maintenant les lèvres pincées (l’expiration doit être plus longue que l’inspiration).

La respiration diaphragmatique qui consiste à inspirer lentement par le nez en bombant l’abdomen puis à expirer lentement en contractant les muscles de la sangle abdominale pour finir par expirer par le nez.

 

Lactivité physique adaptée (APA) :

L’APA est reconnue comme le traitement le plus efficace des maladies respiratoires. Pratiquée régulièrement, elle permet de stabiliser la BPCO, d’améliorer l’aptitude à l’effort et la qualité de vie au quotidien et surtout d’éviter l’isolement social du malade.

Les autres solutions de traitement :

La transplantation pulmonaire :

Grâce aux progrès, 350 transplantations pulmonaires sont réalisées chaque année en France dont 30% pour des patients atteints de BPCO.

 

Les valves endobronchiques :

Placées à l’intérieur des bronches, les valves unidirectionnelles se ferment lors de l’inspiration et s’ouvrent lors de l’expiration afin de réduire le volume du lobe et ainsi obtenir une rétractation du lobe traité. Elles doivent être évoquées chez toute personne atteinte de BPCO associée à un emphysème sévère.

 

L’anticorps monoclonal :

Le Dupilumab, un anticorps monoclonal entièrement humain, agit en inhibant les interleukines 4 et 13, facteurs clés de la réaction inflammatoire, sans réduire les défenses immunitaires. Les résultats sont prometteurs : les exacerbations sont réduites et la fonction pulmonaire des patients améliorée.

Enfin, il est essentiel de prendre en charge l’anxiété et la dépression fréquemment associées à la BPCO.

Suivi et Gestion à Long Terme :

Il est important d’assurer un suivi avec des consultations régulières pour évaluer l’impact de la maladie, prévenir les exacerbations et éventuellement ajuster le traitement.

La télémédecine (téléconsultation, télésurveillance, téléréhabilitation) et les objets connectés (saturomètre, spiromètre…) permettent une prise en charge personnalisée même dans les zones les plus reculées.

En cas d’hospitalisation pour exacerbation de la BPCO, le programme de suivi et de coordination PRADO peut être sollicité.

Pour conclure...

Comme nous venons de le voir, une toux matinale ne doit pas être banalisée car elle peut masquer une BPCO dont l’évolution peut lourdement impactée le quotidien du malade.

Devant des symptômes persistants ou évocateurs d’une BPCO, une consultation médicale est primordiale car une prise en charge précoce permet de limiter les complications.

Prenez-vous en charge des patients atteints de BPCO ? Êtes-vous à l’aise dans leur prise en charge ?

Enfin, si vous avez aimez cet article, n’hésitez pas à le partager.

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Sources : 

https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/bp co-1458.html#prise-en-charge