L’essentiel en un coup d’œil :
- L’insuffisance cardiaque cause 400 décès par jour en France, un enjeu majeur de santé publique.
- Elle touche 2,3% de la population, et jusqu’à 10% des plus de 70 ans, avec 160 000 hospitalisations annuelles.
- Les principaux symptômes incluent essoufflement, fatigue inexpliquée, prise de poids rapide et œdèmes.
- Facteurs de risque modifiables : diabète, hypertension, obésité, tabagisme, sédentarité, mauvaise alimentation.
- Une prise en charge précoce et adaptée améliore l’espérance de vie, avec un suivi médical essentiel pour éviter les complications.
Le saviez-vous ?
En France, les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité et sont à l’origine d’environ 150 000 morts par an.
Alors que l’infarctus du myocarde est responsable de 18 000 morts par an, l’insuffisance cardiaque, elle, cause 400 décès par jour.
Elle fait partie des grands enjeux de santé publique.
En effet, l’insuffisance cardiaque, dont la fréquence a doublé en 10 ans avec le vieillissement de la population, concerne 2,3% de la population française et jusqu’à 10% des plus de 70 ans.
Elle est à l’origine de 160 000 hospitalisations chaque année.
L’insuffisance cardiaque est l’incapacité du cœur à assurer sa fonction de pompe. Il ne peut plus assurer un débit sanguin suffisant pour couvrir les besoins en oxygène et nutritifs de l’organisme.
Dans un premier temps, le cœur augmente sa fréquence pour compenser sa perte de contractilité. Puis, sa paroi s’épaissit, ses cavités se dilatent et, le cœur se fatigue jusqu’à l’insuffisance.
Ce processus chronique est irréversible.
Une fois installée, l’insuffisance cardiaque s’aggrave, et l’espérance de vie à 5 ans est de 50% si elle n’est pas correctement traitée ou diagnostiquée.
En présence de symptômes évocateurs comme une fatigue persistante inexpliquée, un essoufflement, une prise de poids ou des œdèmes, il est impératif de consulter un médecin pour poser le diagnostic, rechercher la cause et les facteurs de risque associés et prescrire la prise en charge la plus adaptée.
Car, aujourd’hui, la France compte 1,5 million d’insuffisants cardiaques dont environ 1/3 sont gênés dans leur quotidien par la maladie.
Et, ces chiffres sont sous-estimés car nombreux sont ceux qui n’associent pas leurs symptômes à la maladie cardiaque et ne consultent pas ou n’en parlent pas.
Il est donc essentiel de mener des campagnes de dépistage, comme le font déjà certaines CPTS, d’éduquer les malades et de les intégrer dans un parcours de soins adapté avec une équipe pluridisciplinaire dédiée.
Alors, faisons un point sur cette maladie qui, prise en charge de manière précoce, peut se stabiliser et éviter les hospitalisations à répétition pour décompensation cardiaque.
Qu'est-ce que l'Insuffisance Cardiaque ?
Définition :
L’Insuffisance Cardiaque est l’incapacité du cœur à délivrer un débit sanguin suffisant pour couvrir les besoins de l’organisme.
Elle se manifeste par des symptômes (dyspnée, fatigue…) et des signes (tachycardie, râles, œdèmes périphériques…) typiques qui, pris isolément, ne semblent pas spécifiques. C’est surtout l’association de plusieurs de ces signes qui conduira le malade à consulter.
L’insuffisance cardiaque présente soit une anomalie structurelle, comme une cardiomégalie par exemple, soit une anomalie fonctionnelle, comme une fraction d’éjection diminuée, lorsque le cœur est au repos.
Elle touche majoritairement les personnes âgées, mais également les enfants et les femmes enceintes.
On distingue l’insuffisance cardiaque diastolique et l’insuffisance cardiaque systolique.
- L’insuffisance cardiaque diastolique touche le remplissage.
Elle résulte de l’épaississement et de la rigidité du muscle cardiaque causés par une hypertension artérielle non traitée ou par un rétrécissement de la valve aortique (calcification) par exemple.
Le volume sanguin envoyé dans l’organisme est réduit, et avec lui, l’apport en oxygène et en nutriments.
- L’insuffisance cardiaque systolique est surtout « ischémique ».
Elle est généralement causée par une coronaropathie mais elle peut aussi être due à un affaiblissement primitif du muscle cardiaque, sans cause notable, et que l’on appelle cardiomyopathie dilatée idiopathique.
Causes Courantes :
Parmi les causes les plus fréquentes d’insuffisance cardiaque, on peut citer celles qui :
- Augmentent la pré-charge : comme dans les cas de malformations cardiaques congénitales (communication interventriculaire) ou de valvulopathies régurgitantes.
- Diminuent la contractilité : coronaropathies (infarctus du myocarde), myocardites (virale, toxique ou du post-partum), tachyarythmie, troubles induits par la chimiothérapie, l’alcool, la cocaïne…
- Augmentent la post-charge : comme l’hypertension artérielle ou l’hypertension pulmonaire (HTTP) ; les malformations cardiaques congénitales (sténose de la valve pulmonaire) ; la péricardite constrictive ou la valvulopathie sténosante.
Notons que la circulation du sang peut parfois être gênée par des pathologies pulmonaires comme la BPCO ou l’hypertension artérielle pulmonaire, qui se répercutent au niveau du cœur droit.
Facteurs de Risque :
Contrairement à l’hérédité, au sexe ou à l’âge, il existe des facteurs sur lesquels on peut agir comme :
- Un diabète déséquilibré
- Une hypertension artérielle non traitée
- Une hypercholestérolémie avec des taux de LDL élevés et de HDL bas
- Une obésité ou un surpoids
- Une alimentation déséquilibrée et l’abus d’alcool
- La dénutrition et la déshydration
- La sédentarité, qui aggrave les autres facteurs de risque et,
- Le tabagisme, qui est responsable de 4 décès cardiovasculaires sur 10 chez les personnes de 30 à 70 ans.
L’effet cumulatif de ces facteurs, qui s’aggravent l’un l’autre, augmente le risque de développer une maladie cardiovasculaire ou les risques de décompensation cardiaque.
Les signes précoces d'une insuffisance cardiaque :
Les 4 signes principaux permettant de suspecter une maladie cardiovasculaire peuvent se résumer par l’acronyme EPOF qui signifie :
E pour Essoufflement ; P pour Prise de poids ; O pour Oedèmes et F pour Fatigue.
- L’essoufflement est le premier symptôme de l’insuffisance cardiaque.
En premier lieu, il se manifeste par un simple inconfort respiratoire dû à l’engorgement de sang dans les poumons. Ensuite, apparait un véritable essoufflement à l’effort puis au repos.
Être essoufflé quand on est assis ou allongé est un critère d’aggravation majeure qui nécessite une consultation en urgence.
- La fatigue est une perte d’énergie qui persiste sans cause visible.
Elle est ressentie même en cas d’effort minime.
Elle est due au déficit d’irrigation sanguine des muscles.
- Une prise de poids rapide et conséquente, d’environ 1 kilo par jour, est un signe d’alerte qui peut traduire une exacerbation de l’insuffisance cardiaque. Elle nécessite de consulter rapidement un médecin.
- Le gonflement de certaines parties du corps comme l’abdomen, les jambes, les mollets ou les chevilles, signes d’œdèmes, doit également alerter.
Le foie peut également être engorgé et présenter reflux hépato-jugulaire avec une turgescence des jugulaires quand on appuie sur le foie.
C’est le signe d’une insuffisance cardiaque droite.
Une prise de poids rapide peut être due à la rétention de liquides.
L’essoufflement et la fatigue sont surtout observés dans les anomalies du cœur gauche tandis que la prise de poids et les œdèmes sont surtout relevés en cas d’anomalies du cœur droit.
D’autres signes peuvent alerter, comme :
- Des palpitations ou une sensation de « flottement » dans la poitrine, dues au travail excessif du cœur.
- Une baisse de tension, simultanément à une diminution de la fraction d’éjection du muscle cardiaque.
- Une toux chronique, aggravée la nuit ou en position allongée, des sifflements respiratoires ou des crépitements dans les poumons et
- Une nycturie (augmentation de la fréquence des mictions nocturnes).
D’autres symptômes, moins courants, mais significatifs, peuvent aussi apparaitre comme :
- Des difficultés de concentration, une confusion mentale, des pertes de mémoire.
- Une baisse de l’appétit, une rapide sensation de satiété, des nausées.
- Une cyanose des extrémités, signe d’une mauvaise oxygénation du sang.
- Des troubles de la libido.
Tableau récapitulatif :
Signes fonctionnels : | Signes cliniques : | |
Insuffisance ventriculaire gauche : | Dyspnée, toux, hémoptysie. Signes périphériques de bas débit cardiaque : asthénie, syndrome confusionnel, ralentissement psychomoteur, douleurs abdominales, nausées, vomissements, oligurie. | Asthénie et hépatalgie permanentes ou survenant à l’effort. Hépatalgies paroxystiques. |
Insuffisance ventriculaire droite : | Tachycardie. Souffle d’insuffisance mitrale fonctionnelle à l’auscultation cardiaque. Râles crépitants et épanchement pleural à l’auscultation pulmonaire. | Tachycardie. Hépatomégalie, reflux hépato-jugulaire et turgescence des jugulaires en position assise. Œdèmes des membres inférieurs et/ou ascite. Souffle d’insuffisance tricuspide possible et éclat du 2ème bruit cardiaque (B2), à l’auscultation cardiaque. |
Quand consulter un médecin ?
Il est impératif de consulter un médecin dès les premiers signes d’alerte, surtout s’ils sont d’apparition brutale ou si la pathologie s’aggrave.
À titre préventif, vous pouvez également consulter si vous avez décelé plusieurs facteurs de risques pouvant conduire à une maladie cardiovasculaire.
Un diagnostic et une prise en charge précoces améliorent la qualité et l’espérance de vie des insuffisants cardiaques.
Le diagnostic et les examens :
Pour diagnostiquer une insuffisance cardiaque, on se base sur les signes fonctionnels, les signes cliniques et sur la classification NYHA (New York Heart Association).
La classification NYHA définit 4 stades de la maladie :
- Stade 1 : Il n’y a pas de symptôme ni de limitation de l’activité physique ordinaire.
- Stade 2 : On observe une légère limitation de l’activité physique. Le malade est à l’aise au repos, mais est fatigué et présente des palpitations et de la dyspnée au cours de certains efforts habituels comme la marche rapide ou en côte et la montée des escaliers ( ≥ 2 étages).
- Stade 3 : On observe une réduction marquée de l’activité physique. Le malade est à l’aise au repos, mais son activité physique habituelle est diminuée (marche en terrain plat ou montée des escaliers ≤ 2 étages). Ces quelques efforts entraînent des symptômes et des signes objectivant un dysfonctionnement du muscle cardiaque (fatigue, palpitations, dyspnée).
- Stade 4 : La limitation est sévère et les symptômes sont présents, y compris au repos.
Ces éléments de l’examen clinique seront complétés par des examens complémentaires pour confirmer le diagnostic. Ils permettront également de suivre l’évolution de la maladie ou de mesurer l’efficacité des thérapeutiques mises en place.
Les plus fréquemment réalisés sont l’électrocardiogramme, l’échocardiographie et le bilan sanguin.
- L’ECG permet de mettre en évidence un trouble du rythme, les séquelles d’un infarctus du myocarde, un trouble de la repolarisation ou encore un bloc de branche.
- L’échodoppler est l’examen de référence pour mettre en évidence une dilatation du ventricule gauche, une hypertrophie et/ou une fraction d’éjection diminuée.
- La radiographie pulmonaire permet de mettre en évidence une cardiomégalie grâce à l’index cardio-thoracique. Elle révèle également la présence d’un épanchement pleural ou d’œdèmes pulmonaires.
- Les examens invasifs, comme la coronarographie, sont indiqués lorsque l’échographie n’a pas permis de confirmer le diagnostic.
- Les analyses sanguines permettront de contrôler différents marqueurs, les éléments utiles pour dépister une maladie cardiaque et/ou ses facteurs de gravité :
- Peptides natriurétiques (BNP ou NT-proBNP),
- Troponine,
- Hémoglobine glyquée (HbA1c),
- Bilans lipidique (cholestérol, HDL et LDL), hépatique et rénal,
- Les marqueurs d’une anémie,
- Le bilan ionique (sodium, potassium)
- La NFS
- L’albumine
- La Tsh…
À noter qu’en cas de cardiomyopathie hypertrophique familiale causée par la mutation d’un gène spécifique, il est important d’identifier le gène responsable afin de cibler et de personnaliser la prise en charge.
Prise en charge immédiate :
En cas de symptômes graves comme une perte de connaissance ou une douleur cardio-thoracique, il est impératif de consulter en urgence.
Prévention et gestion de l'Insuffisance Cardiaque
L’hygiène de vie :
Pour prévenir et stabiliser une insuffisance cardiaque, il faut opérer quelques changements dans le mode de vie :
- Gestion du stress et des émotions,
- Reprise ou poursuite d’une activité physique adaptée,
- Sommeil de qualité,
- Surveillance et contrôle du poids…
L’alimentation devra être équilibrée, hyposodée, anti-inflammatoire et à index glycémique bas.
L’alcool sera consommé avec modération : maximum 3 verres par jour pour un homme et 2 verres pour les femmes, et pas plus de 5 jours par semaine.
Le tabac devra être proscrit.
Traitements médicaux et suivi régulier :
Anticoagulants, antiarythmiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, diurétiques, bétabloquants, antihypertenseurs, antidiabétiques, hypolipémiants sont autant de médicaments qui peuvent être prescrits pour contrôler les symptômes, corriger les facteurs de risque et améliorer la fonction cardiaque.
Ils sont généralement prescrits à vie et nécessitent un suivi régulier pour ajuster les doses si besoin.
L’éducation thérapeutique et la réhabilitation cardiaque jouent aussi un rôle majeur dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque.
Pour les cas les plus sévères, certaines interventions peuvent être indiquées comme la pose d’un pacemaker, d’un défibrillateur implantable ou d’un stent, ou encore le remplacement valvulaire et le cœur artificiel.
À noter que pour améliorer l’espérance de vie du malade, il faut impérativement traiter les pathologies associées qui provoquent et/ou aggravent l’insuffisance cardiaque telles qu’une anémie, un diabète ou un dysfonctionnement thyroïdien.
Pour conclure...
Dans certaines situations, comme un effort, le cœur joue normalement un rôle de pompe. Il augmente sa fréquence et son débit pour expulser le sang dans tout l’organisme.
En cas d’insuffisance cardiaque, le cœur n’est plus capable d’assurer correctement ce rôle de pompe, il surcompense et s’affaiblit jusqu’à l’épuisement.
Différents symptômes plus ou moins invalidants apparaissent alors comme un essoufflement, une fatigue, un œdème et/ou une prise de poids.
Ce sont des signes d’alerte qui nécessitent de consulter rapidement pour mettre en place les traitements adaptés.
Enfin, notons que grâce à la recherche, des nouvelles thérapeutiques voient le jour régulièrement et permettent de mieux prendre en charge l’insuffisant cardiaque.
L’actualisation de vos connaissances peut donc être nécessaire pour proposer des soins et un suivi de qualité à ces malades.
Pour terminer, y-a-t’il des personnes souffrant d’insuffisance cardiaque dans votre entourage ? Que leur conseillez-vous ?
Connaissez-vous d’autres solutions que celles mentionnées pour améliorer leur qualité de vie ?
Et n’oubliez pas, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager.
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Sources :
Santé Publique France
Ameli
Fédération Française de cardiologie : fedecardio.org
Institut Pasteur de Lille