L’essentiel en un coup d’œil :
Un problème fréquent : 9 Français sur 10 souffrent de douleurs articulaires chaque année, et 1 adulte sur 5 en souffre de manière chronique. L’arthrose est la cause principale des douleurs polyarticulaires.
Des causes variées : Les douleurs articulaires peuvent être d’origine mécanique (arthrose, blessures), inflammatoire (arthrite, spondylarthrite), infectieuse (maladie de Lyme), métabolique (ostéoporose) ou encore psychologique (stress, anxiété).
Un diagnostic précis est essentiel : L’examen clinique, l’imagerie et les analyses biologiques permettent d’identifier la cause des douleurs et d’adapter le traitement.
Traitements adaptés : Ils vont des médicaments (antalgiques, AINS, corticostéroïdes) aux approches complémentaires (physiothérapie, acupuncture), voire la chirurgie dans les cas sévères.
Prévention et qualité de vie : Un mode de vie actif, une alimentation équilibrée et une bonne ergonomie réduisent les risques et améliorent le confort des patients.
Le saviez-vous ?
Parmi les motifs de consultations auxquels vous êtes le plus souvent confrontés en médecine de ville, on retrouve l’arthralgie.
Et pour cause, 9 français sur 10 déclarent avoir souffert d’une douleur articulaire dans l’année. Il n’est donc pas étonnant que plus d’un tiers du volume de vos consultations concerne ce problème.
Les douleurs articulaires peuvent toucher n’importe qui, pour différents motifs, du plus bénin au plus sérieux.
Sans soins adaptés, ces douleurs peuvent s’aggraver, devenir chroniques, et peser sur le quotidien de vos patients.
Il est donc primordial de poser le bon diagnostic, et de comprendre les causes, pour apporter à vos patients le traitement dont ils ont besoin.
Alors qu’est-ce que la douleur articulaire, et comment pouvez-vous soulager vos patients efficacement et durablement ?
C’est ce que nous verrons ci-après.
Comprendre les douleurs articulaires :
Définition et mécanismes :
Les douleurs articulaires peuvent affecter une ou plusieurs articulations. Dans ce dernier cas, on parle de douleur polyarticulaire.
Elles peuvent toucher indifféremment ou consécutivement, les genoux, les hanches, les épaules, et dans une moindre mesure, la colonne vertébrale.
Toutes les articulations peuvent être impactées.
L’articulation peut être douloureuse (arthralgie) et/ou enflammée (arthrite).
La polyarthralgie peut avoir des causes multiples : inflammation, usure du cartilage, atteinte des tissus environnants…
La douleur peut se manifester au mouvement ou au repos, « à froid » ou après un effort inhabituel, le matin ou la nuit…
Elle peut être symétrique, comme dans le cas de l’arthrite symétrique des poignets, ou migratoire, quand elle affecte une articulation après l’autre (arthrite migratoire).
Les structures externes (ligaments, tendons, muscles …) peuvent aussi être touchées, et entrainer des douleurs articulaires : c’est le cas de la tendinite, de la bursite, de la fibromyalgie ou encore de la pseudopolyarthrite rhizomélique.
Populations à risque
Parmi les populations à risque, on retrouve les :
- Personnes âgées : arthrose, ostéoporose…
- Sportifs : blessures articulaires, surentraînement…
- Travailleurs manuels : surcharge physique, gestes répétitifs…
- Populations avec comorbidités : diabète, surpoids et obésité, maladies auto-immunes…
Statistiques récentes
D’après l’OMS, 1 adulte sur 5 souffrirait de douleurs articulaires chroniques.
Et, 65% des plus de 65 ans ainsi que 80 % des plus de 80 ans présenteraient des signes d’arthrose.
Identifier les causes des douleurs articulaires :
On retrouve les principales causes de douleur articulaire dans le tableau suivant :
Causes mécaniques : | Causes inflammatoires : | Autres causes : | Impact psychologique :
|
Arthrose : usure progressive du cartilage (vieillissement physiologique, surpoids).
Blessures : entorses, luxations, fractures.
Surmenage : répétition de mouvements ou surcharge physique. | Arthrite rhumatoïde : maladie auto-immune.
Rhumatisme psoriasique
Lupus érythémateux systémique
Goutte : cristaux d’acide urique.
Arthrite à pyrophosphate de calcium (anciennement pseudogoutte)
Spondylarthrite ankylosante : inflammation chronique de la colonne vertébrale. | Infections : arthrite septique, grippe, Covid, maladie de Lyme, gonorrhée …
Métaboliques : ménopause, ostéoporose, déficit en vitamine D …
Neurologiques : fibromyalgie, neuropathie périphérique … | Dépression
Anxiété
Isolement social
Désinsertion professionnelle … |
Dans la plupart des cas, la cause de la douleur polyarticulaire est l’arthrite.
À noter que les douleurs persistantes peuvent impacter la vie personnelle, professionnelle ou sociale du malade, et peuvent conduire à l’isolement voire à la désinsertion professionnelle. D’où l’importance d’une prise en charge précoce et personnalisée.
Symptômes et diagnostic des douleurs articulaires :
Symptômes physiques :
Parmi les symptômes physiques les plus fréquemment rencontrés, on retrouve :
- La rougeur, le gonflement et la chaleur.
- La raideur, et la douleur qu’elle soit aiguë ou chronique.
- L’impact fonctionnel.
- Une difficulté à la mobilisation, une perte d’amplitude …
Mais aussi, en fonction de la cause :
- Une éruption cutanée, des boutons, des taches pourpres récentes.
- Des plaies au niveau de la bouche, du nez ou des parties génitales.
- Une douleur thoracique, un essoufflement, une toux récente ou sévère.
- Des douleurs abdominales.
- Une fièvre, des sueurs, des frissons ou une perte de poids.
- Une rougeur ou une douleur oculaire.
Ces symptômes dépendent de la cause sous-jacente des arthralgies, qui sera à rechercher.
Certains signes cliniques permettent d’orienter le diagnostic.
Par exemple, dans le cas de l’arthrose, on retrouvera surtout des douleurs articulaires au lever, qui s’amélioreront avec l’échauffement des articulations, mais qui s’aggraveront en cas d’activité inhabituellement intense.
Alors qu’en présence d’arthrite, on observera surtout une rougeur et un gonflement d’une ou des articulation(s), et une douleur articulaire constante.
Enfin, en présence d’un traumatisme, l’articulation touchée est douloureuse quand on la mobilise.
Ces signes permettent d’écarter ou de retenir certaines hypothèses diagnostiques.
Méthodes diagnostiques
Pour établir le bon diagnostic, il faut prendre en compte le type de douleur, sa localisation, sa durée, son mode d’apparition, mais aussi sa cause.
On ne soigne pas de la même manière une arthralgie due à une pathologie articulaire et une arthralgie secondaire à une maladie systémique, qu’il faudra alors traiter en priorité.
L’anamnèse :
En premier lieu, vous vous intéressez à l’historique médical, aux symptômes et à leur variation, aux facteurs déclenchants, aux facteurs de risque, et à la douleur : sévérité, mode d’apparition (soudaine ou progressive) et d’évolution, horaire, durée, soulagement (repos, mouvement) …
L’examen clinique :
Ensuite, vous examinez votre patient :
- Observation et contrôle de toutes les articulations pour rechercher : un gonflement, une rougeur, une chaleur, une sensibilité, une crépitation articulaire …
- Examen des yeux, de la bouche, du nez, des parties génitales pour éliminer ou détecter une plaie ou d’autres signes inflammatoires.
- Inspection de l’état cutané pour rechercher une éruption ou des boutons.
- Palpation des ganglions.
- Test de mobilité pour mesurer l’inflammation et déceler l’origine de la douleur : amplitude de mouvement active et/ou passive.
En fonction de l’état général du malade ou en cas de suspicion d’atteinte systémique, vous complétez l’examen médical par des tests neurologiques afin de relever d’éventuels troubles musculaires ou nerveux.
Les examens complémentaires :
Certains examens peuvent être nécessaires pour vous orienter ou poser votre diagnostic avec certitude. On y trouve principalement :
- Les examens d’imageries : radiographie, IRM ou scanner en cas de suspicion de tumeur osseuse ou articulaire par exemple.
- Les analyses sanguines : VS et CRP en cas d’inflammation ; présence d’auto-anticorps (antinucléaires, anti-ADN double brin, anti-peptides cycliques citrullinés ou facteur rhumatoïde) …
- Une ponction articulaire si vous suspectez une infection.
La localisation de la douleur articulaire peut déjà vous aiguiller.
Localisation :
| Diagnostic fréquent : |
Cervicales | Arthrose |
Colonne vertébrale | Arthrose Arthrite réactionnelle Rhumatisme psoriasique Spondylarthrite ankylosante |
Mains et poignets | Polyarthrite rhumatoïde (grosses articulations des doigts qui connectent les doigts à la main) Arthrose (articulation du doigt proche de l’ongle), rhizarthrose (pouce) |
Genoux, épaules, hanche | Arthrose : gonarthrose, omarthrose, coxarthrose. |
Les investigations menées seront différentes selon qu’une seule articulation est touchée ou s’il y en a plusieurs.
Traitements des douleurs articulaires :
Traitements médicamenteux :
Les traitements médicamenteux habituellement prescrits sont les :
- Analgésiques : paracétamol, AINS.
- Corticostéroïdes : principalement sous forme d’injections, en cas d’inflammation sévère.
- Médicaments spécifiques : colchicine en cas de goutte, biothérapies, antibiotiques …
Approches non médicamenteuses :
Parmi les approches non médicamenteuses, on retrouve :
- La physiothérapie, qui regroupe notamment des exercices destinés à améliorer la mobilité.
- L’application locale de chaleur ou de froid pour soulager la douleur et réduire l’
- L’ergothérapie, qui permet à votre patient douloureux d’adapter ses gestes au quotidien, et d’utiliser certains outils pour limiter les contraintes.
Médecines alternatives et complémentaires :
Vous pouvez également proposer certaines méthodes dites alternatives et complémentaires telles que :
- L’acupuncture, l’ostéopathie, l’hypnose, la méditation de pleine conscience ou les massages thérapeutiques aux huiles essentielles apaisantes.
- Les supplémentations, dont les plus connues sont à base de glucosamine, d’oméga-3, et de curcuma.
Traitements chirurgicaux :
Les principaux recours chirurgicaux sont l’arthroscopie, le lifting articulaire, l’arthrodèse et le remplacement prothétique articulaire.
Ils seront proposés en cas d’échec des solutions médicales classiques.
En revanche, l’intervention chirurgicale pourra être d’emblée envisagée dans les formes sévères et invalidantes d’arthrose.
Nouveaux traitements et innovations :
D’autres traitements, plus innovants, peuvent également être recommandés, parmi lesquels :
- L’injection de PRP (plasma riche en plaquettes) : il s’agit d’un concentré de plaquettes, riche en facteurs de croissance, prélevé à partir du sang de votre patient. Ils sont proposés en fonction du stade évolutif de la pathologie en cause, dont l’arthrose.
- Les cellules souches pour régénérer les tissus articulaires.
- Les dispositifs connectés pour surveiller l’évolution des douleurs : TENS, applications mobiles, bracelet connecté …
Plus courantes, des séances de kinésithérapie peuvent être prescrites, une fois que la douleur et l’inflammation ont diminué, pour que votre patient récupère ou conserve l’amplitude de ses mouvements, et pour que les muscles voisins de l’articulation se renforcent.
N’hésitez pas à initier une prise en charge multidisciplinaire, en cas de besoin : spécialistes (rhumatologue, traumatologue, chirurgien orthopédique…), diététicien, kinésithérapeute, ergothérapeute…
Prévention des douleurs articulaires :
Mode de vie actif :
Face à une douleur chronique, l’activité physique ne doit pas être écartée.
Au contraire, elle doit être rapidement réintégrée pour prévenir les contractures ou l’atrophie.
Elle sera complétée par une routine d’exercices spécifiques, destinés à protéger les articulations.
Contrôle du poids :
En cas de surpoids ou d’obésité, un rééquilibrage alimentaire et un accompagnement dans la perte de poids, devront impérativement être mis en place, pour réduire la pression sur les articulations portantes.
Alimentation équilibrée :
Ce rééquilibrage alimentaire permet aussi d’apporter les aliments, et plus précisément les micronutriments, indispensables au bon fonctionnement de l’organisme, et des structures articulaires.
Dans le cas des problèmes articulaires, on veille aux bons apports en calcium, en vitamine D, et en omega-3.
Posture et ergonomie :
Vous pouvez aussi apporter des conseils ergonomiques pour améliorer la posture de votre patient au travail, et lors de ses activités physiques.
Et pourquoi pas, le diriger vers la médecine du travail pour un aménagement de son poste, si besoin est.
Le but est d’éviter les blessures en adoptant des techniques adaptées pour le sport ou le levage de charges.
N’hésitez pas à impliquez vos patients dans leur prise en charge pour optimiser la gestion de la douleur et la reprise d’une vie normale.
Quand consulter un médecin généraliste ?
Dans l’idéal, votre patient doit vous consulter aussitôt que les signes avant-coureurs se présentent.
Les signes d’alerte nécessitant une consultation immédiate sont :
- Une douleur intense ou persistante, la présence d’une fièvre associée, une déformation articulaire
- La perte de mobilité ou l’apparition de symptômes neurologiques comme un engourdissement.
Mais, en règle générale, vos patients vous consultent lorsque les douleurs s’intensifient ou qu’elles se chronicisent.
Quoi qu’il en soit, il est important de poser un diagnostic précoce pour limiter les complications, éviter l’évolution vers la chronicité, et optimiser les traitements.
Pour conclure...
Comme nous l’avons vu, pour venir à bout des douleurs articulaires, il est primordial de poser le bon diagnostic et ce, le plus précocement possible.
Ce n’est qu’après avoir décelé la cause avec précision, que le bon traitement sera mis en place, parfois en concertation ou en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire spécialisée.
Et, pour que vos patients soient soulagés durablement, pensez à leur prodiguer les conseils nutritionnels et ergonomiques adaptés, et à les inciter à reprendre une activité physique dès que possible.
Enfin, si cet article vous a plu, n’hésitez à le partager avec vos collègues pour les sensibiliser sur l’importance qu’a une prise en charge globale et personnalisée sur les douleurs articulaires.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre catalogue de formations DPC.
Sources :
HAS
Vidal
Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF)
Société Française de Dermatologie
Inserm