L’essentiel en un coup d’œil :
- Les effets secondaires les plus fréquents : Douleur, rougeur au point d’injection, fièvre légère, fatigue ou maux de tête. Ces réactions sont bénignes et temporaires.
- Les risques graves restent rares : Anaphylaxie (1/1 000 000), syndrome de Guillain-Barré (1/1 000 000) et myocardite principalement après les vaccins ARNm.
- Les causes d’allergies connues : Ovalbumine (grippe), PEG ou macrogols (COVID-19).
- Importance de la balance bénéfices/risques : La vaccination protège contre des maladies graves et évitables, même pour les patients allergiques après analyse des risques.
- Rôle du médecin : Surveiller après vaccination, rassurer par des informations fiables et gérer les éventuelles complications.
Le saviez-vous ?
Parce qu’aujourd’hui, nous sommes plus de 25% dans le monde à souffrir d’allergies, et parce que cette tendance s’accroit d’année en année, nous sommes aussi très nombreux à redouter les effets indésirables des vaccins, notamment quand ils sont nouveaux. Pourtant, dans la majorité des cas, ces effets sont anodins.
En revanche, si les antécédents de réactions allergiques sévères sont avérés ou si la personne est vulnérable, on redoublera de vigilance pour écarter ou gérer un effet plus sérieux, comme l’anaphylaxie.
La vaccination restant la seule arme pour lutter contre certaines maladies infectieuses évitables, et pour protéger nos aînés ou nos proches fragilisés par la maladie ou un traitement, on ne l’écartera pas sans analyser au préalable la balance des bénéfices-risques, y compris en cas d’antécédent d’allergie, et ce bien que la méfiance des usagers à son égard soit à son apogée.
Alors, quels sont ces effets indésirables susceptibles d’être induits par la vaccination, et quel est votre rôle face à l’inquiétude grandissante de vos patients à son sujet ?
C’est ce que nous verrons dans cet article consacré aux réactions post-vaccinales.
Effets secondaires courants et leur gestion :
Plutôt que d’effet secondaire, on parle surtout de désagréments liés à la vaccination, sachant qu’il s’agit avant tout de la réponse naturelle du corps qui « fabrique » l’immunité nécessaire pour pouvoir se défendre contre la maladie qu’elle cible.
Les effets indésirables les plus courants sont une induration, une rougeur et une douleur au point d’injection.
Quant aux réactions allergiques immédiates, elles peuvent apparaître jusqu’à 4 heures après l’injection du vaccin. Elles sont très rares ou sans gravité. Elles sont de l’ordre de 1/50 000 à 1/1 000 000.
Ces manifestations sont surtout cutanées (érythème, prurit), et se limitent le plus souvent au point d’injection.
Bien sûr, il peut arriver qu’un effet multi-systémique, comme l’anaphylaxie post-vaccinale, survienne. Mais, il reste extrêmement rare : on l’estime à 1/1 000 000.
Les principales sources d’allergies aux vaccins sont reliées aux excipients.
À noter que le vaccin occasionnant le plus d’effets indésirables est le vaccin contenant un rappel de DT (Diphtérie/Tétanos).
Effets secondaires par fréquence :
Vaccin grippe :
Les effets les plus fréquemment observés à la suite de la vaccination antigrippale sont :
- Les réactions locales telles qu’une douleur et une rougeur au point d’injection : elles sont présentes dans 10 à 40% des cas.
- Et/ou une fièvre modérée, une légère fatigue, des douleurs articulaires et musculaires, des maux de tête ou des nausées, dans 5 à 10% des cas.
Ces réactions sont bénignes et disparaissent rapidement.
À noter que la vaccination induit moins d’effets indésirables que la grippe, de complications !
De la même manière, si le Syndrome de Guillain-Barré est associé à la vaccination dans 1 cas sur 1 000 000, il l’est beaucoup plus fréquemment chez ceux qui ont contracté une grippe.
Vaccin COVID-19 :
Incidence : | Effets secondaires : |
> 50 cas sur 100 | Douleur au site d’injection
|
< 50 cas sur 100 | Fatigue Maux de tête Fièvre ou frisson Douleurs musculaires Douleurs articulaires Diarrhées ou vomissements Adénopathies sous axillaires
|
< 10 cas sur 100 | Rougeur locale Gonflement local
|
< 1 cas sur 1 000 | Gonflement du visage.
|
La majorité des réactions sont bénignes et de courte durée. Elles sont moins fréquentes chez les personnes âgées de plus de 55 ans.
Durée et traitement :
En règle générale, les effets secondaires sont temporaires, et durent entre 24 et 72h. Ils ne nécessitent, au besoin, qu’une prise en charge symptomatique :
- Hydratation,
- Paracétamol,
- Repos,
- Application de compresse humide froide ou de glace sur le bras douloureux.
Si les symptômes s’aggravent, persistent au-delà de 48h, ou s’ils sont inhabituels, une consultation médicale doit être envisagée.
Communication efficace avec les patients :
Pour lutter contre la défiance à l’égard du programme vaccinal, des nouveaux vaccins ou des excipients, votre discours est plus que jamais, capital.
N’hésitez pas à vous servir des données scientifiques réelles et claires pour argumenter auprès de vos patients apeurés par les rumeurs relayées sur internet ou le cas anecdotique propagé massivement par les médias pour faire de l’audience.
Pensez aussi à illustrer votre propos avec des exemples concrets pour expliquer la balance bénéfices/risques.
Risques rares mais pertinents pour la pratique médicale :
Réactions allergiques sévères :
La plus inquiétante et la plus grave des manifestations allergiques est l’anaphylaxie. Comme nous l’avons évoqué plus haut, son incidence est rare : 1 cas sur 1 000 000.
Si elle est exceptionnelle, en revanche, elle apparait quasiment instantanément après l’injection du vaccin, il faut donc la reconnaitre pour réagir immédiatement.
Ses principales caractéristiques sont :
- Des manifestations cutanées : urticaire, prurit, gonflement du visage, des lèvres, de la langue …
- Des manifestations respiratoires : éternuements, toux, difficultés respiratoires, sifflements, gonflement des voies respiratoires …
- Des manifestations digestives : douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées …
- Des manifestations vasovagales : augmentation du rythme cardiaque, chute soudaine de la pression artérielle, perte de connaissance…
Focus sur la vaccination chez les enfants :
Chez l’enfant, incapable d’exprimer ou de décrire ses symptômes, il faut redoubler de vigilance. Chez eux, l’anaphylaxie se manifestera par :
- Une urticaire
- Des bouffées vasomotrices et un gonflement du visage
- De la bave
- Une perte de contrôle de la vessie et des intestins
- Des vomissements
- Des changements de comportement : irritabilité, pleurs incessants, calme ou somnolence soudaine.
En fonction des symptômes, vous pouvez orienter votre patient chez un allergologue pour effectuer un bilan et des tests d’allergie, qui confirmeront ou infirmeront l’allergie au vaccin.
À noter que l’antécédent allergique ne contre-indique pas la vaccination, sauf si l’allergie concerne le vaccin. Dans ce cas, seul le vaccin en cause, et ceux qui contiennent le même allergène seront contre-indiqués.
Si une urticaire, des rougeurs ou un prurit apparaissent tardivement, il est improbable que le vaccin en soit la cause.
Effets graves :
Le Syndrome de Guillain-Barré :
Comme mentionné plus haut, une personne ayant contracté la grippe présentera 5 à 7 fois plus de risques de développer un syndrome de Guillain-Barré qu’une personne qui a reçu un vaccin antigrippal (1 cas sur 1 000 000).
À noter qu’en cas d’antécédent de Guillain-Barré dû lié au vaccin, il faudra être prudent lors de la prochaine vaccination.
En cas de récidive, elle pourrait être due à une susceptibilité génétique individuelle.
La Myocardite ou péricardite :
La myocardite et la péricardite surviennent principalement chez les jeunes hommes environ 7 jours après la 2ᵉ dose des vaccins ARNm, et plus particulièrement le vaccin Moderna.
Le risque est peu fréquent, et l’évolution est favorable, après une hospitalisation de l’ordre de 2 à 4 jours en moyenne.
Les causes d’allergies :
Grippe :
La principale cause d’allergie aux vaccins contre la grippe est l’ovalbumine (protéines d’œuf). Elle est très rare, de l’ordre de 0,08/100 000.
Covid-19 :
Quant au vaccin contre le Covid-19, comme le Pfizer, les réactions sont essentiellement dues aux PolyÉthylène Glycols (PEG) ou Macrogols (et leurs dérivés comme les Polysorbate). Le risque d’anaphylaxie est de 2 à 5 cas sur 1 million de doses.
Statistiques rassurantes :
98% des effets secondaires rapportés sont bénins, alors afin de renforcer la confiance de vos patients, et par là même la vôtre, n’hésitez pas à consulter les sources fiables comme vaccination-info-service.fr ou l’INSERM.
La gestion des effets indésirables :
Des protocoles doivent être mis en place pour pouvoir intervenir rapidement en cas d’anaphylaxie : vous devez avoir de l’épinéphrine (adrénaline) à disposition au cabinet.
Il faut également consigner et documenter toutes réactions pouvant être en lien avec la vaccination, et les signaler au centre régional de pharmacovigilance, qui fera remonter les données à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ensuite, l’ANSM déclare les cas à l’Agence Européenne du Médicament (EudraVigilance) et à l’OMS (VigiBase).
Le diagnostic différentiel :
La peur des aiguilles, d’avoir mal ou de développer un effet secondaire, peut déclencher des manifestations similaires aux symptômes graves liés à la vaccination : pâleur, transpiration, tachypnée, étourdissements, vertiges, engourdissements, picotements, perte de sensation au niveau du visage, des mains ou des pieds…
Il faudra là aussi être vigilant, et prévenir le risque de chute et les blessures qui pourraient survenir à la suite d’un malaise vagal par exemple.
Recommandations pour les patients à risque :
Identifier les patients à risque :
Les antécédents d’anaphylaxie :
L’anaphylaxie est une réaction d’hypersensibilité systémique, d’apparition brutale, qui engage le pronostic vital en compromettant les systèmes cardiovasculaire et respiratoire. Elle est essentiellement due à une allergie à un des composants du vaccin. Chez les sujets à risque d’anaphylaxie ou de récidives, la surveillance doit être portée à 30 minutes au lieu des 15 minutes habituelles.
Les patients sous immunosuppresseurs :
Dans les cas de maladies auto-immunes, les vaccinations doivent être mises à jour le plus rapidement possible.
Chez les patients qui vont entamer un traitement par immunosuppresseur, l’administration d’un vaccin vivant atténué doit être réalisée au minimum 15 jours avant le début du traitement. Sinon, il faudra les reporter.
À noter que les vaccins vivants atténués, dont le BCG, sont contre-indiqués chez les personnes traitées par :
- Immunosuppresseur
- Biothérapie
- Corticothérapie, quand elle est > à 10mg/j pendant plus de deux semaines ou administrée sous forme de «bolus ».
Sinon, il faudra respecter un délai de 3 mois après la fin des traitements immunosuppresseurs pour pouvoir administrer le vaccin, et jusqu’à 6 mois pour le vaccin Rituximab et les vaccins vivants atténués.
À noter que le risque qu’une poussée de maladie auto-immune ou inflammatoire soit déclenchée par la vaccination, n’a jamais été ni confirmé ni prouvé.
En revanche, le risque infectieux est bien réel.
Pratiques recommandées :
Si vous prenez en charge des patients complexes ou à risque de présenter des effets indésirables, vous pouvez programmer une consultation pré-vaccinale en amont, pour évaluer les risques, et ainsi rassurer vos patients.
En cas de risque majeur ou de doute, vous pouvez également les orienter vers un allergologue.
Rôle du médecin généraliste dans la prévention des complications :
Surveillance post-vaccinale :
Après l’administration du vaccin, vous organisez la surveillance post-vaccinale : 15 à 30 minutes selon les risques évalués en amont.
N’hésitez pas à vous organiser pour pouvoir gérer une éventuelle complication post-vaccinale, et ne pas mettre vos autres patients en difficulté.
Alternatives vaccinales :
En cas d’allergies avérées, vous pouvez conseiller des alternatives à vos patients :
- Vaccins sans protéines d’œuf pour la grippe
- Surveillance médicale rapprochée pour prendre en charge rapidement les éventuelles réactions allergiques
- Désensibilisation …
Recommandations officielles à partager :
Et, pour rassurer pleinement vos patients, pensez à partager les dernières directives émanant du ministère de la Santé et de la HAS.
Éducation et sensibilisation :
Expliquer la balance bénéfices/risques aux patients :
Enfin, n’hésitez à utiliser des exemples concrets pour illustrer les risques induits par la vaccination Vs ceux provoqués par la maladie évitable.
Les médias préférant axer leur communication sur les quelques cas où l’effet indésirable s’est manifesté, vos patients ont sans doute perdu confiance en la vaccination, et seules les statistiques fiables et officielles, et votre discours de confiance à l’égard de la vaccination, peuvent renverser la donne, les inciter à se prémunir, et à protéger leur proche vulnérable.
Pour conclure...
La vaccination, essentielle pour maintenir la couverture nécessaire pour contenir les maladies infectieuses évitables ou éradiquées, doit impérativement être recommandée, et appliquée selon le calendrier vaccinal, et les recommandations en vigueur. Cet acte est crucial pour préserver la santé publique.
Votre rôle est donc de la promouvoir, et de lutter contre la défiance du public à son égard. D’autant que cette méfiance est principalement due aux Fake news et aux médias, plus préoccupés par le buzz que par la santé publique.
Il est donc primordial de rappeler à vos patients les statistiques réelles, et le peu de risques qu’entrainent la vaccination. Et, d’insister sur le fait qu’en cas de réactions exceptionnelles, vous êtes pleinement qualifiés pour les prendre en charge.
Enfin, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre catalogue de formations DPC.
Articles similaires :
- Les premiers signes du cancer du col de l’utérus
- Pathologies dermatologiques courantes en médecine générale : Les reconnaître et les traiter efficacement
- Urgences Dermatologiques : Guide Pratique pour les Médecins Généralistes
- Accès limité aux dermatologues : Comment les généralistes peuvent combler l’écart ?