L’essentiel en un coup d’œil :
- Importance du dépistage précoce : L’apnée du sommeil, touchant 4% de la population, peut entraîner des complications graves comme des maladies cardiovasculaires.
- Symptômes à surveiller : Ronflements nocturnes, pauses respiratoires, fatigue diurne, maux de tête matinaux sont des signes d’alerte.
- Consultation initiale : Le médecin généraliste est le premier point de contact pour un diagnostic et une orientation vers un spécialiste.
- Spécialistes impliqués : Pneumologues, ORL, neurologues et cardiologues interviennent selon la nature de l’apnée.
- Centres du sommeil : Ces unités spécialisées offrent un diagnostic précis et un suivi pluridisciplinaire pour optimiser la prise en charge.
Qu'est-ce que l'apnée du sommeil ?
On distingue plusieurs types d’apnée dont la plus fréquente est le SAHOS.
Le SAHOS (ou apnée obstructive du sommeil) :
Il se caractérise par le relâchement des muscles et des tissus mous du pharynx qui peut alors se collapser sous l’effet de l’inspiration et de la pression négative.
Ce relâchement entraîne l’obstruction répétée, complète ou partielle, des voies aériennes supérieures, pendant le sommeil, notamment paradoxal, où l’activité des muscles responsables de l’ouverture du pharynx est réduite.
On observe alors des épisodes d’interruptions (apnées) ou de réductions (hypopnées) de la ventilation qui entraînent un appauvrissement du sang en oxygène.
Ce manque d’oxygène contraint l’organisme à des « micro-réveils » brefs et, occasionnés sans que la personne n’en soit consciente.
Les patients peuvent ainsi se réveiller une centaine de fois par nuit sans s’en apercevoir. En revanche, les symptômes diurnes sont majeurs : fatigue au réveil, somnolence diurne, troubles de la mémoire, céphalées matinales…
Les pauses respiratoires durent de 10 à 30 secondes (parfois plus) et se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil.
Un ronflement nocturne et une somnolence diurne doivent donc faire penser à un SAHOS.
Le syndrome d’apnées centrales du sommeil :
Ce syndrome survient lorsque le cerveau interrompt la commande ventilatoire et l’envoi de signaux aux muscles respiratoires pendant le sommeil.
Contrairement à l’apnée obstructive où le flux ventilatoire est interrompu alors que les mouvements thoraciques sont maintenus, dans les cas d’apnée d’origine centrale (c’est-à-dire cérébrale), il n’y a pas d’obstruction (les voies aériennes supérieures restent ouvertes) mais la respiration cesse.
On retrouve ce syndrome dans certaines maladies, comme l’insuffisance cardiaque grave ou les séquelles d’accident vasculaire cérébral.
L’apnée centrale est plus rare que l’apnée obstructive.
L’apnée mixte :
Elle associe les formes de l’apnée obstructive et de l’apnée centrale.
Elle débute généralement comme l’apnée centrale à laquelle succède un mécanisme obstructif avec efforts ventilatoires.
La respiration de Cheyne-Stokes (RCS) :
La RCS se caractérise par une respiration anormale pendant le sommeil : on observe généralement une alternance de périodes de respirations rapides et profondes suivies de périodes d’amplitude décroissante menant à l’apnée (dont l’origine peut être centrale, métabolique, cardiaque…).
Les hypopnées :
Elles font partie des « troubles respiratoires du sommeil » (TRS) qui englobent tous les évènements respiratoires nocturnes.
Une hypopnée est une diminution de 50 % ou plus de la ventilation pendant 10 secondes ou plus.
Dans tous les cas, les symptômes sont les mêmes : ronflements puissants, pauses respiratoires, fatigue, somnolence, manque de concentration …
Au delà de ces symptômes, l’apnée du sommeil peut surtout avoir des conséquences graves sur la santé, notamment au niveau cardiaque et cérébral.
L’importance du syndrome d’apnées du sommeil se mesure au nombre d’apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH ou indice d’apnées/hypopnées) :
- entre 5 et 15, l’apnée du sommeil est dite légère;
- entre 16 et 30, elle est dite modérée;
- si l’IAH est supérieur à 30, elle est dite sévère.
Le traitement repose sur :
1) Une orthèse d’avancée mandibulaire (OAM), comme le dispositif Narval™, si l’apnée obstructive est légère ou modérée (sauf pour certains patients avec un profil médical complexe).
Elle sera également prescrite en cas d’échec ou de refus de la PPC, dans les cas de SAHOS sévère.
2) Un dispositif de Pression Positive Continu (PPC) si le syndrome d’apnées obstructives du sommeil est sévère.
3) D’autres mesures complémentaires seront essentielles à l’amélioration de l’apnée, comme : un changement du mode de vie avec réglage alimentaire, perte de poids, baisse de la consommation d’alcool et de tabac, pratique d’une activité physique adaptée, etc.
Pourquoi consulter un médecin ?
Dépister précocement les troubles de la ventilation respiratoire est primordial pour améliorer la qualité de vie, réduire les symptômes mais aussi pour prévenir les complications.
En effet, l’apnée obstructive favorise la survenue de maladies cardio-vasculaires comme : l’hypertension artérielle, la maladie coronarienne, l’insuffisance cardiaque, les troubles du rythme cardiaque ou l’accident vasculaire cérébral.
Par ailleurs, elle est très souvent associée à des troubles du métabolisme comme les anomalies du bilan lipidique, le diabète et le syndrome métabolique.
À long terme, elle augmente donc la mortalité de cause cardiovasculaire.
Premier point de contact : Le médecin généraliste
En première intention et pour respecter le parcours de soins en vue d’une meilleure prise en charge, il convient de se diriger vers le médecin traitant, préalablement déclaré auprès de l’organisme d’assurance maladie, et ce dès les premiers signes d’alerte : fatigue, irritabilité, ronflement…
Il évaluera les symptômes au moyen d’un questionnaire de dépistage, dont l’échelle de somnolence d’Epworth.
Il recherchera les facteurs de risque cardiovasculaire dont le surpoids (calcul de l’IMC, mesure du tour de taille…).
En effet, le surpoids et surtout l’obésité sont des facteurs de risque majeurs. L’infiltration graisseuse des tissus autour du pharynx favorise l’obstruction des voies aériennes supérieures au cours du sommeil.
70 % des personnes ayant un SAHOS sont en surpoids.
Il proposera alors un traitement ou, le cas échéant, adressera le patient chez un médecin spécialiste du sommeil.
Spécialistes en apnée du sommeil
En cas de suspicion d’apnée du sommeil, le médecin traitant peut donc demander un avis médical spécialisé et des examens complémentaires, notamment un bilan du sommeil, généralement pratiqué dans des unités du sommeil.
Mais, d’autres spécialistes du sommeil peuvent prescrire et valider les enregistrements du sommeil. Parmi ceux-ci, on trouve :
- Pneumologue :
Le pneumologue peut être consulté dans le cadre des maladies respiratoires et des troubles du sommeil, en particulier le SAHOS.
Il peut poser le diagnostic au moyen de la polysomnographie et traiter l’apnée du sommeil (prescription de CPAP, appareils dentaires).
- Oto-rhino-laryngologiste (ORL) :
En cas de somnolence diurne persistante ou de ronflements, le médecin généraliste peut orienter le patient vers un ORL qui procédera à un examen complet des voies aériennes supérieures (nez, bouche, gorge, larynx, trachée) afin d’y détecter les éventuels troubles obstructifs ou anomalies (par exemple : mandibule trop petite par rapport au maxillaire supérieur).
Il proposera alors un traitement des problèmes anatomiques des voies respiratoires supérieures pouvant aller jusqu’à une chirurgie notamment des amygdales ou du septum nasal.
- Neurologue :
En cas d’apnée centrale, d’insomnie rebelle ou de syndrome des jambes sans repos, le médecin généraliste orientera son patient vers le neurologue, qui gérera les troubles neurologiques associés à l’apnée.
- Cardiologue :
L’avis du cardiologue est indispensable si l’apnée est associée à des troubles cardiovasculaires.
Il est également nécessaire en prévention pour amorcer une surveillance et une gestion des risques cardiaques qui pourraient résulter de l’apnée.
Centres du sommeil
Le centre du sommeil, appelé également laboratoire ou clinique du sommeil, est une unité spécifique dédiée qui diagnostique et traite les pathologies du sommeil.
Il rassemble plusieurs spécialistes (psychologues, pneumologues, techniciens, etc.) afin d’optimiser le parcours de soins du patient, de réaliser les examens spécifiques comme la polysomnographie et d’assurer un suivi complet avec une équipe pluridisciplinaire spécialisée.
Le site de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) permet de connaître l’adresse du centre du sommeil le plus proche.
Le Rôle des professionnels paramédicaux :
- Dentiste spécialisé en apnée du sommeil :
En cas de prescription d’orthèse, le chirurgien-dentiste effectue des empreintes sur lesquelles les gouttières maxillaire et mandibulaire seront réalisées. Il existe plusieurs types d’orthèses (monoblocs, biblocs…) et différents fabricants.
Outre les orthèses d’avancée mandibulaire, il existe des traitements orthodontico-chirurgicaux par avancée maxillo-mandibulaire (ostéotomie mandibulaire) qui sont surtout proposés aux sujets jeunes et si la situation des arcades dentaires le permet.
- Psychologue/Psychiatre :
Le psychologue ou le psychiatre prendra en charge l’impact psychologique qu’a l’apnée sur le patient : anxiété, dépression, etc.
Mais aussi les facteurs aggravants comme les addictions (alcool, médicaments qui induisent une dépression respiratoire…).
Tarifs et prise en charge de l’apnée du sommeil :
Les tarifs dépendent d’une part,
- du respect ou non du parcours de soins : 70% de remboursement du tarif conventionnel en cas de respect du parcours de soins contre 30% dans le cas contraire, et, d’autre part,
- du statut du médecin consulté : le médecin conventionné secteur 1 applique le tarif de l’organisme d’assurance maladie tandis que le médecin secteur 2 pratique des dépassements d’honoraires encadrés (OPTAM) ou libres.
Le prix de la consultation d’un médecin varie en fonction de la nature de la consultation (simple, complexe ou très complexe) et de l’âge du patient (plus ou moins de 16 ans).
- La fourchette de prix varie entre 30 et 84,70 euros dans le cadre du tarif conventionnel.
- La consultation d’un spécialiste du sommeil se situe en moyenne entre 75 et 120 euros.
- Elle peut aussi intégrer une consultation de suivi annuel avec un cardiologue dans le cadre d’un dépistage des complications cardio-vasculaires d’un diabète de type 1 ou d’un suivi post-infarctus par exemple.
- Au prix de la consultation, s’ajoute le tarif de l’examen prescrit qui varie aussi en fonction du lieu où il est pratiqué (centre de sommeil, clinique, hôpital, domicile).
- Le test polygraphique coûte de 130 à 200 euros et la base du tarif de remboursement conventionnel par la sécurité sociale est de 146 euros.
- Le test polysomnographique coûte de 300 à 500 euros.
- Sa prise en charge par l’organisme d’assurance maladie dépend de la durée de l’enregistrement (4 à 8h ; 8 à 12h et 12 à 24h) et de la présence ou non d’un enregistrement vidéo.
- En fonction des critères, la base de remboursement sera de 136,32 euros pour un enregistrement de 4 à 8h sans vidéo et jusqu’à 246,24 euros pour un enregistrement de 12 à 24h avec vidéo.
Il est donc primordial de choisir et de déclarer un médecin traitant pour bénéficier du remboursement maximal des frais engagés sachant que la pratique du Tiers-payant n’est pas obligatoire.
NB : Certains régimes spéciaux offrent des remboursements différents comme c’est le cas avec le régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle.
Quoi qu’il en soit, il est recommandé de se renseigner sur les tarifs en amont et, de demander des devis à présenter aux organismes de mutuelle pour compléter la prise en charge financière.
Pour conclure...
Comme nous venons de le voir, l’apnée du sommeil n’est pas à prendre à la légère.
Un dépistage précoce par le biais d’un parcours de soins adapté permet un diagnostic précis et, associé à un traitement et un suivi adaptés, il permet d’améliorer la qualité de vie et d’éviter les complications.
Enfin, rappelons qu’il est important de consulter dès les premiers symptômes dont les plus courants sont : ronflements, pauses respiratoires pendant le sommeil, fatigue diurne, maux de tête matinaux, irritabilité, dépression…
À la lecture de cet article, pensez-vous être sujet aux troubles respiratoires ? Traitez-vous ce type de pathologies au sein de votre cabinet ? Que conseillez-vous pour améliorer le quotidien ?
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