gyneco avec sa patiente

Les premiers signes du cancer du col de l’utérus

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Incidence : 2 900 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus chaque année en France, avec 75 % des cas chez des femmes de moins de 65 ans.
  • Causes : Principalement causé par le Papilloma Virus Humain (HPV), qui entraîne des lésions pré-cancéreuses pouvant évoluer en cancer en 10 à 15 ans.
  • Dépistage efficace : Le dépistage précoce par frottis cervico-utérin et le test HPV ont réduit de moitié les nouveaux cas et les décès depuis 20 ans.
  • Symptômes : Saignements vaginaux anormaux, douleurs pendant les rapports, et leucorrhées sont des signes d’alerte à ne pas négliger.
  • Prévention : La vaccination contre le HPV est cruciale, mais doit être accompagnée d’un dépistage régulier pour une meilleure protection.

Le saviez-vous ?

Chaque année, on compte 2 900 nouveaux cas de cancer de l’utérus en France. Il s’agit de la 12ème cause de cancer chez la femme.

75% des diagnostics concernent des femmes de moins de 65 ans avec un âge moyen de 51 ans.

Il est responsable de 1 100 décès annuels.

Le cancer de l’utérus est dû à une infection par le Papilloma Virus Humain (HPV) qui, lorsqu’il ne s’élimine pas de l’organisme, s’installe sur le long terme au niveau du col de l’utérus, entraînant des modifications de son épithélium.

On parle alors de lésions pré-cancéreuses qui, dans certains cas, évoluent en cancer dans les 10 à 15 ans qui suivent, si elles ne sont pas dépistées et traitées précocement.

Depuis 20 ans, le pistage des lésions pré-cancéreuses a permis de diminuer de moitié le nombre de nouveaux cas et celui des décès.

Associé à la vaccination contre le HPV, il constitue un élément essentiel dans la prévention de ce cancer.

Mais, qu’est-ce que le cancer de l’utérus ? Comment le reconnait-on ? Comment le diagnostique-t’on et le prend-on en charge ?

C’est ce que nous verrons dans cet article.

Qu'est-ce que le cancer du col de l'utérus ?

Définition :

Le cancer du col de l’utérus est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules superficielles du col de l’utérus, partie étroite et inférieure de l’utérus qui relie le corps de l’utérus au vagin.

Il est composé de deux parties : l’endocol, près du corps de l’utérus et l’exocol, du côté du vagin.

85 % des cancers de l’utérus sont des cancers épidermoïdes, qui se développent au niveau de l’endocol, et 15 % d’entre eux sont des adénocarcinomes, qui se développent au niveau de l’exocol.

Le HPV, virus généralement transmis lors d’un rapport sexuel, est responsable de la survenue de ce cancer.

Dans 90% des cas, cette infection guérit spontanément dans les 2 ans qui suivent la contamination, grâce aux défenses immunitaires.

Mais il peut arriver que, sous l’influence de facteurs extérieurs comme des rapports sexuels précoces ou le tabagisme par exemple, le virus persiste au niveau de l’épithélium, modifiant sa structure.

Apparaissent alors les lésions pré-cancéreuses qui peuvent évoluer en cancer au bout de 10 ans environ.

 

Zoom sur le papilloma virus :

On dénombre à peu près 200 types de papillomavirus dont 13 génotypes sont considérés comme à haut risque, dans la survenue du cancer du col de l’utérus. 

Les virus les plus fréquemment mis en cause sont les HPV de type 16 et 18, présents dans plus de 70 % des cas de cancer du col de l’utérus.

Le HPV est responsable de 6 400 cancers chaque année.
En plus du cancer du col de l’utérus et de certains cancers ORL, il est en effet responsable de         500 cancers de la vulve ; 300 cancers du vagin ; 1 100 cancers de l’anus…

Il touche 1 800 hommes et 4 600 femmes.

La transmission du virus se fait par contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration.

Le préservatif, s’il permet de limiter le contact avec le virus, ne peut toutefois pas assurer une protection optimale.

Dans la grande majorité des cas, l’infection par un HPV est asymptomatique d’où l’intérêt d’un dépistage précoce et d’un suivi régulier.

 

Les facteurs de risque :

D’autres facteurs de risque sont à retenir comme :

  • Les antécédents familiaux
  • L’immunodépression
  • Le tabagisme
  • La précocité des rapports sexuels 
  • La multiplicité des partenaires sexuels 
  • La multiparité
  • L’utilisation prolongée de contraceptifs hormonaux 
  • L’infection par le VIH
  • Certaines infections sexuellement transmissibles comme la chlamydiose ou l’herpès gé

Les symptômes du cancer du col de l’utérus :

Les principaux symptômes du col de l’utérus sont : 

  • Les trorragies provoquées ou spontanées : saignements vaginaux anormaux (après les rapports sexuels ; en dehors des menstruations ou encore après la ménopause).
  • Une dyspareunie, douleurs lors des relations sexuelles, ou saignements post-coï
  • Des leucorrhées : écoulements aqueux ou sanglants, parfois accompagnés d’une odeur
  • Des douleurs pelviennes fréquentes, souvent sans raison apparente.

Des douleurs pendant la miction, des « urgences » urinaires trop fréquentes et une fatigue chronique peuvent aussi être des signes d’alerte à ne pas négliger.

Toutefois, seul l’examen anatomo-pathologique d’une biopsie cervicale ou d’une pièce de conisation peut confirmer la présence d’un cancer du col de l’utérus.

femme a les mains posées sur son ventre

Dépistage du cancer du col de l’utérus :

Il existe aujourd’hui deux moyens pour agir face au cancer du col de l’utérus : le dépistage par frottis cervico-utérin, proposé tous les trois ans aux femmes de 25 à 65 ans, et la vaccination préventive.

Le Frottis Cervico-Vaginal (Pap Test) :

Le frottis de dépistage est la méthode de prédilection pour détecter les cellules anormales de manière précoce.

Il peut être réalisé par :

  • Le gynécologue ou le médecin généraliste, au cours d’une consultation ;
  • Une sage-femme ;
  • Une infirmière dans un centre de santé, dans le cadre d’un protocole de coopération entre professionnels de santé, ou dans un centre de planification et d’éducation familiale, par exemple …

 

Le frottis du col de l’utérus (FCU) est surtout réservé aux femmes âgées de 25 à 29 ans.

C’est un examen de dépistage qui permet d’examiner l’aspect des cellules prélevées sur le col.

Les 2 premiers tests sont réalisés à 1 an d’intervalle puis, tous les 3 ans si les résultats sont normaux.

Le Test HPV :

Il permet de dépister l’infection par le HPV, principale cause du cancer du col de l’utérus. C’est le test de prédilection des femmes âgées de 30 à 65 ans. 

Le test de détection des virus HPV-HR est réalisé sur des cellules prélevées au niveau du col de l’utérus, lors du FCU.

À la différence de l’examen cytologique qui s’intéresse à l’aspect des cellules, le test HPV-HR cherche la présence du virus HPV à haut risque chez les femmes. Il remplace l’examen cytologique du frottis.

Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal, puis tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, tant que le résultat du test est négatif.

Si le test revient positif, on recherchera la présence d’anomalies des cellules sur le même prélèvement.

En cas d’anomalie, des examens complémentaires seront alors pratiqués.

À noter que pour améliorer la participation au dépistage du cancer du col de l’utérus, qui relève de l’intérêt public, les caisses d’Assurance Maladie adressent aux médecins traitants la liste de leurs patientes éligibles.

Diagnostic du cancer du col de l’utérus :

L’examen et le suivi gynécologiques réguliers sont primordiaux pour pouvoir déceler tout changement qui serait suspect.

Mais, la confirmation du diagnostic du cancer du col de l’utérus repose sur la biopsie qui consiste à prélever des fragments de tissu anormaux au niveau du col de l’utérus lors d’une colposcopie ou d’une conisation.

 

La Colposcopie :

La colposcopie est un examen approfondi du vagin et du col de l’utérus à l’aide d’un spéculum et d’une loupe binoculaire.

Des prélèvements par biopsie d’un ou plusieurs échantillons de tissus provenant du col de l’utérus sont effectués par le médecin.

 

La biopsie conique :

Lorsque les lésions du col sont difficiles d’accès, le chirurgien pratique une découpe en forme de cône de la partie suspecte. C’est ce qu’on appelle conisation du col de l’utérus ou biopsie conique.

Cet examen, réalisé sous anesthésie loco-régionale ou générale, peut parfois suffire à retirer toutes les cellules cancéreuses. Aucun autre traitement n’est alors nécessaire.

Les fragments de tissus prélevés par biopsie lors de la colposcopie ou lors de la conisation sont analysés. Cet examen anatomo-cytopathologique permet de détecter la présence de cellules cancéreuses et d’en définir le type.

 

Les examens dimagerie :

Si des celulles cancéreuses sont détectées au niveau du col de l’utérus, des examens complémentaires sont réalisés pour évaluer les éventuelles atteintes métastatiques des organes voisins voire leur propagation au corps entier.

Les plus fréquemment prescrits sont les bilans sanguins et les examens d’imagerie :

  • IRM du pelvis
  • Tomographie par émission de positons (TEP)
  • Cystoscopie (examen de la vessie par endoscopie) 
  • Rectoscopie (examen du rectum par endoscopie).

 

Le bilan sanguin doit être adapté à chaque patiente et à la nature du traitement prévu : NFS, plaquettes, bilan hépatique et rénal, marqueurs tumoraux, etc.

Les traitements du cancer du col de l’utérus :

Dès le diagnostic anatomo-pathologique établi, la stratégie thérapeutique doit être définie, par l’équipe spécialisée lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), et rapidement mise en place.

La chirurgie, la radiothérapie externe, la curiethérapie et la chimiothérapie, peuvent être prescrites seules ou en association, en fonction de l’histologie, du stade de la maladie, de l’état général de la patiente et des comorbidités éventuelles.

À noter que, compte tenu de la localisation et des conséquences que ce cancer peut induire, il est capital d’aborder la question de la fertilité et de la sexualité avec la patiente avant de décider du traitement.

 

La chirurgie :

La conisation, qui consiste à enlever une partie du col de l’utérus, et l’hystérectomie, qui est l’ablation de l’utérus, sont réalisées en fonction du stade de la maladie.

 

La Radiothérapie :

La radiothérapie est l’utilisation de rayons en faisceau qui traverse la peau pour atteindre la tumeur et détruire les cellules cancéreuses.

NB : Avec la curiethérapie, les sources radioactives sont directement mises au contact de la tumeur, par l’inermédiaire d’un implant.

 

La chimiothérapie :

La chimiothérapie vise à éliminer les cellules cancéreuses quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans le corps.

Par voie générale (ou systémique), elle agit soit en les détruisant directement soit en les empêchant de se multiplier.

Les molécules les plus fréquemment prescrites sont :

  • Le Cisplatine et le Carboplatine, qui se fixent à l’ADN des cellules cancéreuses et empêchent leur réplication, ce qui conduit à leur mort cellulaire.

   NB : le Carboplatine est moins néphrotoxique et moins émétisant que le Cisplatine.

  • Le Paclitaxel, qui empêche la prolifération des cellules cancéreuses. Il est fréquemment associé au Cisplatine, surtout dans les cancers du col de l’utérus métastasé.

 

La chimiothérapie est souvent associée à la radiothérapie. À noter qu’aujourd’hui, 12 essais cliniques dédiés au cancer du col de l’utérus sont ouverts.

 

L’Immunothérapie :

 Il s’agit d’une approche thérapeutique utilisant le système immunitaire pour attaquer les cellules cancéreuses.

 

Les Soins Palliatifs :

Dans les stades avancés où les traitements n’ont plus d’effets curatifs, une prise en charge en soins palliatifs peut être recommandée pour réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie.

 

NB : Le médecin traitant a un rôle essentiel dans le suivi et la prise en charge des complications qui peuvent être liées au traitement ou à la maladie elle-même.

 

Prévention du cancer du col de l’utérus :

Vaccination contre le HPV :

Nous l’avons vu, le cancer du col de l’utérus est dû au papillomavirus.

La vaccination joue un rôle capital dans la prévention de l’infection par le HPV, transmis par contact sexuel et dont on sait qu’il affecte 8 femmes sur 10 au cours de leur vie.

Actuellement, il existe 2 vaccins contre les papillomavirus :

  • Gardasil 9, qui est composé de fragments de 9 souches de papillomavirus. Il protège contre 90 % des papillomavirus à l’origine des cancers du col de l’utérus. Désormais, toute nouvelle vaccination contre les papillomavirus doit se faire avec ce vaccin.

 

  • Cervarix, qui est composé de fragments de 2 souches de papillomavirus. Il est à utiliser uniquement chez les filles.

 

En 2023, 400 000 jeunes de 12 ans ont été vaccinés.

 

Le schéma vaccinal recommandé, filles et garçons confondus, est le suivant :

 

 

11 à 14 ans :

15 à 19 ans :

2ème dose :

5 à 13 mois après la primo-injection

3 mois après la primo-injection.

 

3ème dose :

 

7 mois après la primo-injection.

 

 

À noter que le vaccin peut se faire jusqu’à l’âge de 26 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

 La vaccination contre les papillomavirus humains est donc essentielle pour prévenir le cancer du col de l’utérus. Mais, elle ne suffit pas et doit impérativement être associée au dépistage selon les recommandations officielles pour déceler les anomalies le plus précocement possible.

 Enfin, il est tout aussi important d’avoir des pratiques sexuelles saines et d’utiliser le préservatif pour réduire les risques d’infection par le HPV mais aussi par d’autres IST, qui constituent des facteurs de risque supplémentaires.

Pour conclure...

Nous l’avons vu, le dépistage régulier du cancer du col de l’utérus est, avec la vaccination contre le HPV, le meilleur moyen de lutter contre ce cancer.

Si quelques signes évocateurs peuvent vous alerter et vous amener à consulter votre médecin, ils ne sont pas systématiques ou pas toujours associés à ce cancer.

Alors soyez vigilant et en cas de doute, n’hésitez pas à consulter. Un cancer de l’utérus décelé précocement est toujours de meilleur pronostic.

 Avez-vous déjà effectué un dépistage ?

À votre avis, que pourrait-on faire de plus pour prévenir cette terrible maladie ?

Enfin, si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager à vos proches afin de les sensibiliser au dépistage.

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