traitement apnée du sommeil

Apnée du sommeil : quels traitements et comment choisir le bon ?

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Une pathologie fréquente mais encore sous-diagnostiquée : L’apnée du sommeil touche 30 % des plus de 65 ans. Elle est souvent associée à l’obésité, au diabète ou à des troubles cardio-vasculaires.

  • Des conséquences sérieuses sur la santé : Fatigue, troubles cognitifs, somnolence diurne, risques d’AVC et d’infarctus. Le diagnostic repose sur l’IAH (>10/h en France).

  • La PPC reste le traitement de référence : Elle est indiquée dès l’apnée modérée et améliore rapidement la qualité de vie, sous réserve d’une bonne observance.

  • Des alternatives existent : Orthèses d’avancée mandibulaire, chirurgie, stimulation du nerf hypoglosse, rééducation oro-faciale, selon le profil et la tolérance du patient.

  • Le traitement est toujours global : Il associe suivi médical, hygiène de vie (perte de poids, arrêt du tabac, activité physique) et ajustement personnalisé.

Ronflements chroniques, fatigue persistante, troubles de la mémoire et de la concentration, irritabilité…

Derrière ces symptômes parfois banalisés se cache peut-être une pathologie fréquente, encore sous-diagnostiquée, et pourtant lourde de conséquences : l’apnée du sommeil.

L’apnée du sommeil est marquée par des interruptions répétées de la respiration pendant le sommeil. Ces pauses respiratoires durent plusieurs secondes, se répètent parfois des centaines de fois par nuit et entraînent des microréveils souvent inconscients.

Bien que brefs, ces épisodes d’apnée induisent une baisse d’oxygénation du sang. Le cœur doit alors fournir un effort supplémentaire pour mobiliser les réserves en oxygène.

On parle d’apnée quand l’interruption de la respiration dure plus de dix secondes. On distingue essentiellement 3 stades, en fonction de l’intensité de l’apnée : légère, modérée et sévère. Elle touche 30% des plus de 65 ans et davantage les hommes que les femmes.

Elle est généralement associée à des comorbidités (surpoids, obésité, diabète, syndrome métabolique), qu’elle aggrave quand elle n’est pas prise en charge correctement. Or, une détection rapide permet non seulement d’améliorer la qualité du sommeil mais aussi de prévenir les complications.

Alors comment prendre en charge efficacement l’apnée du sommeil ? Quels traitements proposer, et à qui ? C’est ce que nous verrons ci-après.

Pourquoi traiter l’apnée du sommeil ?

Le syndrome de l’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est la forme la plus répandue d’apnée. Elle est due au relâchement des tissus mous de la gorge (langue et palais), ce qui bloque alors les voies aériennes.

En France, le diagnostic de SAHOS est posé dès qu’il y a plus de dix apnées par heure de sommeil (contre 5/h aux États-Unis).

Elle impacte parfois lourdement la santé. À cause des ronflements puissants et chroniques, des nombreuses pauses respiratoires ou des réveils nocturnes en sursaut, l’apnée entraîne une sécheresse buccale, une irritation de la gorge, une fatigue et une somnolence diurnes, des maux de tête au réveil, des troubles de la mémoire et de la concentration, des épisodes dépressifs, une baisse de la libido voire une impuissance, un risque accru d’hypertension, de maladies cardiovasculaires ((ischémie myocardique, troubles du rythme cardiaque, AVC) ou de diabète.

L’indice d’apnées/hypopnées (IAH) permet de mesurer le degré de sévérité du syndrome.

Stade de l’apnée :

Nombre d’apnée par heure (IAH) :

Apnée légère :

5 à 15 par heure

Apnée modérée :

16 à 30 par heure

Apnée sévère :

> 30 par heure.

 

Les symptômes de l’apnée varient d’un patient à l’autre. Le traitement doit donc être personnalisé en fonction du type, du stade de l’apnée et du profil du patient (âge, poids, comorbidités, hérédité, hygiène de vie…).

En tant que médecin généraliste, vous jouez un rôle important dans le dépistage et l’orientation du patient vers le spécialiste (cardiologue, pneumologue, ORL spécialisé, centre du sommeil…).

Le traitement de référence : la PPC (pression positive continue)

  1. Fonctionnement

La Pression Positive Continue (PPC) est le traitement de référence de l’apnée du sommeil. Elle consiste à insuffler de l’air sous pression via un masque nasal ou naso-buccal. Cette insufflation forcée empêche la fermeture des voies aériennes.

L’appareil doit être utilisé au moins 4h/nuit, tous les jours.

  1. Indications

La ventilation nocturne par PPC est indiquée en cas d’apnée :

  • modérée à sévère (IAH ≥ 15).
  • légère mais associée à des symptômes invalidants ou des comorbidités.

De plus, le patient doit présenter au moins 3 des symptômes suivants :

  • Somnolence diurne.
  • Ronflements sévères et quotidiens.
  • Sensations d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil.
  • Fatigue dans la journée.
  • Levers nocturnes fréquents pour uriner.
  • Céphalées matinales fréquentes.

 

  1. Avantages

La PPC améliore efficacement la somnolence, la qualité de vie et la santé cardiovasculaire. Les résultats apparaissent rapidement.

En revanche, il est impératif de recueillir l’adhésion du patient au traitement.

 

  1. Contraintes et effets secondaires possibles 

Le bruit de l’appareil, la sécheresse buccale ou l’inconfort du masque peuvent gêner l’utilisation. Mais, un accompagnement spécialisé permet souvent d’ajuster le matériel et les réglages après avis du médecin.

Dès le début du traitement, le prestataire :

  • Installe le matériel au domicile du patient.
  • Règle les paramètres en fonction de la prescription.
  • Forme le patient à l’entretien et à l’utilisation du dispositif.
  • Met en place un suivi régulier : à 1 mois, 3 mois plus tard, puis annuellement.

La PPC est remboursable par l’Assurance Maladie à deux conditions :

–       Observance quotidienne : 2 heures minimum avec une fourchette comprise entre 56 heures et 112 heures sur 28 jours.

–       Efficacité clinique avérée.

À noter que la prescription initiale et les renouvellements sont soumis à entente préalable.

 

Les alternatives à la PPC : quels choix possibles ?

  1. Orthèses davancée mandibulaire (OAM)

Les Orthèses d’Avancée Mandibulaire sont des dispositifs buccaux faits sur mesure par un chirurgien-dentiste spécialisé. Ces gouttières, que l’on porte la nuit, permettent de maintenir les voies respiratoires ouvertes en avançant la mâchoire inférieure.

Elles sont indiquées en cas d’apnée légère à modérée ou d’intolérance à la PPC.

Elles nécessitent un suivi régulier.

 

  1. Traitement chirurgical (dans certains cas)

Il est indiqué en cas d’anomalies anatomiques (amygdales, luette, pharynx, nez, maxillaire…) ou en cas d’échec des autres traitements.

Moins efficace que la PPC, il est exclusivement réservé à certains patients après évaluation des bénéfices/risques.

Les principales chirurgies sont :

  • L’uvulo-palato-pharyngoplastie (réduction du voile du palais).
  • L’amygdalectomie (chez l’enfant ou en cas d’amygdales volumineuses).
  • Les chirurgies maxillo-faciales (malformation, repositionnement de la mâchoire).

 

  1. Traitements émergents ou spécifiques

  • La stimulation du nerf hypoglosse, en cours de développement, est réservée à certains cas précis. Le dispositif est constitué d’un boîtier et d’une sonde qui permettent d’activer les muscles dilatateurs du pharynx.

Les impulsions électriques ciblant les muscles de la langue maintiennent les voies respiratoires ouvertes durant le sommeil. Après l’intervention, une phase d’ajustement est nécessaire pour optimiser les réglages et l’efficacité du traitement.

  • La rééducation oro-faciale (orthophonie, kiné maxillo-faciale) est également utilisée en complément ou chez l’

Médicaments et apnée du sommeil : état des lieux

À ce jour, il n’existe pas de médicament curatif validé pour traiter les apnées. Mais, quelques pistes de recherche sont en cours : elles concernent essentiellement des molécules pouvant stimuler le tonus pharyngé.

En revanche, en cas de somnolence diurne excessive, le solriamfétol (Sunosi) peut être prescrit, sauf s’il existe des maladies cardiovasculaires associées. 

Enfin, il est impératif de traiter les troubles ORL associés (rhinites, obstructions nasales).

À noter que certains médicaments, comme les benzodiazépines ou les sédatifs, peuvent aggraver l’apnée.

 

Centres du sommeil

Le centre du sommeil, appelé également laboratoire ou clinique du sommeil, est une unité spécifique dédiée qui diagnostique et traite les pathologies du sommeil.

Il rassemble plusieurs spécialistes (psychologues, pneumologues, techniciens, etc.) afin d’optimiser le parcours de soins du patient, de réaliser les examens spécifiques comme la polysomnographie et d’assurer un suivi complet avec une équipe pluridisciplinaire spécialisée.

Le site de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) permet de connaître l’adresse du centre du sommeil le plus proche.

Les mesures hygiéno-diététiques : à adopter dans tous les cas

Nous l’avons vu, le traitement de l’apnée du sommeil dépend d’une part, de la sévérité du trouble, et d’autre part, du profil du patient.

Mais, il est obligatoirement associé à un suivi hygiéno-diététique, indispensable, quel que soit le stade de l’apnée. Dans la majorité des cas, il permet d’améliorer les symptômes.

Il est axé sur :

  • La perte de poids (surpoids, obésité).
  • L’arrêt de l’alcool, en particulier le soir.
  • L’éviction du tabac et des somnifères.
  • La reprise de l’activité sportive.
  • L’amélioration du sommeil (durée et qualité).
  • L’adoption d’une position latérale la nuit.

Quel traitement pour quel profil ?

Cas pratiques comparatifs :

Cas pratiques :

 

Hypothèse diagnostique :

Traitement :

Patient 1 :

Homme de 45 ans

IAH à 32

Somnolence diurne.

 

Apnée sévère.

PPC indiquée + mesures hygiéno-diététiques.

Suivi médical + prestataire.

Patient 2 :

Femme de 52 ans

IAH à 18

Intolérance à la PPC.

 

Apnée modérée avec persistance des symptômes et intolérance à la PPC.

Bilan pour OAM chez un chirurgien-dentiste formé.

OAM sur mesure + suivi régulier.

Mesures hygiéno-diététiques.

 

Patient 3 :

Enfant de 6 ans

Ronflement

Amygdales volumineuses.

 

Apnée obstructive sur hypertrophie amygdalienne.

Orientation pour évaluation par un ORL.

Polysomnographie pour confirmer le diagnostic.

Probable amygdalectomie.

 

Patient 4 :

Homme de 67 ans

IAH 12

Obèse

Réticent à la PPC.

 

Apnée légère à modérée sans retentissement majeur sur le quotidien.

 

Mise en place des mesures hygiéno-diététiques.

Traitement postural.

Réévaluation clinique à 6 mois avec polygraphie de contrôle si nécessaire.

Comment se déroule la prise en charge et le suivi ?

En premier lieu, le médecin traitant, le pneumologue, le cardiologue, le diabétologue ou l’ORL prescrit un enregistrement du sommeil (polygraphie, polysomnographie) pour confirmer le diagnostic.

Les résultats, qui orientent la décision thérapeutique, sont ensuite interprétés par un spécialiste.

En tant que médecin traitant, vous êtes au centre du dépistage, de la mise en place du traitement, du suivi et de la coordination.

Ce suivi médical repose sur :

– L’évaluation de l’observance et de la qualité de sommeil.

– L’adaptation du dispositif (réglages, changement de masque…).

– Le contrôle des comorbidités.

Vaincre les idées reçues sur les traitements

 

La PPC est-elle réservée aux cas graves ?

 

Non, elle est aussi indiquée pour traiter l’apnée modérée.

Le dispositif est-il contraignant ?

Un bon accompagnement et un matériel adapté améliorent la tolérance.

 

 

Que se passe-t-il si je ne supporte pas la PPC ?

 

Des alternatives efficaces existent en cas d’intolérance de la PPC.

 

Cet appareillage est-il prescrit à vie ?

 

Pas forcément : une perte de poids, un changement du mode de vie ou une chirurgie ciblée peuvent compléter la prise en charge et aider à corriger l’apnée.

 

Pour conclure...

En France, 1.2 million diagnostics d’apnée ont été posés en 2023 et on estime que plus de 4 millions ne sont ni diagnostiqués ni traités.

Pourtant, un simple test du sommeil permet de la dépister et de débuter un traitement rapidement.

La PPC reste la référence, mais il existe d’autres solutions : elles seront personnalisées et adaptées au profil du patient. S’il est correctement suivi, le traitement améliore fortement les symptômes, le sommeil et la qualité de vie.

Alors en cas de doutes et en présence de ronflements, de fatigue, de somnolence diurne ou de tout symptôme évocateur d’apnée, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant. Parce que la détecter tôt permet aussi de prévenir les complications.

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Sources : 

Vidal

HAS

Ameli