genou douloureux

Traumatismes du genou : Types, diagnostic et traitements

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Fréquence et vulnérabilité : Les traumatismes du genou touchent particulièrement les sportifs, les jeunes adultes et les enfants, représentant 37 % des blessures sportives.
  • Types de blessures : Entorses ligamentaires, lésions méniscales, fractures et luxations, chacune ayant des symptômes et traitements spécifiques.
  • Diagnostic précis : L’examen clinique, complété si nécessaire par l’IRM ou la radiographie, permet d’identifier la nature et la gravité du traumatisme.
  • Prise en charge adaptée : De la méthode PRICE (Protection, Repos, Ice, Compression, Élévation) aux traitements chirurgicaux pour les lésions graves, en passant par la kinésithérapie.
  • Prévention essentielle : Renforcement musculaire, techniques sportives adaptées, équipements spécifiques et échauffements permettent de limiter les risques de blessures.

Le saviez-vous ?

Chaque année, plusieurs milliers de personnes se blessent au genou, et c’est particulièrement vari chez les sportifs, les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.

Le genou est l’une des articulations portantes. Il joue un rôle important dans notre mobilité puisqu’il nous permet de réaliser certains mouvements de rotation, de plier et de tendre la jambe lorsque nous marchons.

Et, c’est parce que nous le sollicitons au quotidien, qu’il peut être soumis à différentes blessures, de la plus bénigne à la plus grave.

Dans la majorité des cas, ces traumatismes sont bénins, et évoluent favorablement grâce à une prise en charge adaptée et ciblée.

Or, poser le bon diagnostic nécessite de maîtriser la symptomatologie des différents types de blessures, et leurs recommandations, ce qui n’est pas toujours simple

Alors, quels sont les principaux traumatismes du genou, et comment peut-on les reconnaître ?

C’est ce que nous verrons ci-après.

Comprendre les traumatismes du genou :

Définition et structures concernées :

Pour rappel, le genou est une articulation qui relie le fémur au tibia.

Elle est composée de trois os :

  • Le condyle fémoral, qui est la partie basse de l’os de la cuisse (le fémur),
  • Le plateau tibial, qui est la partie haute du tibia, et
  • La rotule, maintenue par le quadriceps (muscle de la cuisse).

Les extrémités des os sont recouvertes de cartilage qui permet aux surfaces articulaires de glisser correctement.

Le genou est composé de deux ménisques, l’un interne, l’autre, externe, qui permettent de stabiliser et d’amortir l’articulation du genou quand nous marchons, courons ou sautons.

Le genou est maintenu par quatre ligaments :

  • En dedans, par le latéral interne
  • En dehors, par le ligament latéral externe
  • En avant, par le ligament croisé antérieur (LCA)
  • En arrière, par le ligament croisé postérieur (LCP).

Si toutes les structures peuvent être lésées, le ligament latéral interne et le ligament croisé antérieur sont les plus touchés.

Quels sont les différents types de traumatismes du genou ?

Les principaux traumatismes du genou sont les :

  • Entorses: déchirure partielles ou complètes des ligaments.
  • Déchiruresdes muscles.
  • Ruptures des tendons.
  • Fracturesosseuses : en général, les tissus adjacents sont aussi blessés.
  • Luxations: on parle de subluxation, quand les os sortent partiellement de leur position initiale, et de luxation, quand ils sont totalement dissociés les uns des autres.

Certains signes permettent de savoir s’il s’agit d’une simple contusion (hématome et œdème consécutifs au choc) sans gravité, ou d’un problème plus sérieux.

Récapitulatif des principaux types de traumatismes :

Types de blessures

Lésions ligamentaires

Lésions méniscales

Fractures

Luxation

Exemples

Entorses

Déchirures partielles ou complètes des ligaments

Fissures

Déchirures

Rotule

Plateau tibial

Fémur

Déplacement de l’articulation

Causes

Sport en « pivot ».

Flexion ou torsion du genou quand le pied est ancré au sol.

Traumatisme direct sur le genou.

Mouvements de rotation.

Lésions ligamentaires.

Choc direct.

Sollicitation modérée mais répétitive : course de fond, rucking …

= fracture de fatigue

Traumatisme violent : accident de voiture, accidents sportifs majeurs…

Signes

Douleur latérale

Gonflement du genou

Sensation de déboîtement

Instabilité de l’articulation (LCA).

Parfois, blocage de l’articulation

Difficultés à la flexion et à l’extension du genou.

Claquement (déchirure du LCA).

Douleur du genou.

Gonflement, craquement.

Blocage du genou (difficulté à le plier)

Sensation de dérangement interne : 

présence de corps étrangers ostéo-cartilagineux mobiles qui se déplacent dans l’articulation.

Douleur à la sollicitation

Gonflement

Ecchymose

Déformation

Déplacement ou

Torsion de la partie lésée.

Déboîtement de la jambe sur une déchirure ligamentaire

Déformation de l’articulation du genou

Douleurs sévères

Instabilité.

Diagnostic

Interrogatoire

Examen clinique.

Interrogatoire

Examen et tests cliniques.

Imagerie : radio, IRM si besoin.

Interrogatoire

Tableau et examen cliniques

Radio

Parfois : TDM, IRM

Interrogatoire

Examen Clinique

Radiographies

TDM (lésions artérielles).

Traitement

Repos, immobilisation

Réparation chirurgicale en cas de lésions sévères.

Méthode PRICE

Antalgique

AINS

Chirurgie méniscale sous arthroscopie.

Analgésique

Méthode PRICE

Réduction

Immobilisation

Chirurgie.

Chirurgie

Rééducation de 4 à 6 semaines entre deux interventions chirurgicales.

 

Quelles sont les causes les plus courantes d’un traumatisme du genou ?

Le traumatisme du genou fait principalement suite à :

  • Des activités sportives à fort impact (football, ski, rugby, basket), le surentraînement, le traumatisme contondant (chutes et manœuvre de combat…).
  • Des mauvaises postures, une faiblesse musculaire ou des déséquilibres.
  • Des accidents, chutes ou traumatismes directs.

 

sportif avec genou douloureux

Statistiques clés :

  • D’après une étude menée sur 10 ans, 37 % des blessures sportives touchent le genou.
  • Aux États-Unis, 3,5 millions de lésions liées à la pratique d’un sport (surentraînement, absence de repos entre deux saisons…) concernent un enfant de moins de 14 ans.
  • Le temps moyen de récupération pour une rupture du ligament croisé antérieur est de 6 à 9 mois.

Comment reconnaître les symptômes d'une blessure au genou ?

En l’absence de chute directe sur les genoux, d’hémarthrose ou d’œdème, et si l’appui reste possible, il s’agit généralement d’une simple contusion.

En principe, l’emplacement de la douleur dépend de la structure atteinte, et la sévérité du traumatisme influe sur le moment d’apparition et l’intensité des symptômes.

Les signes courants regroupent :

 

Les signes immédiats :

On y retrouve la douleur aiguë localisée, l’œdème, les ecchymoses et les hématomes.

 

Les signes fonctionnels :

Ils regroupent l’instabilité (« genou qui lâche »), les craquements, les blocages articulaires, et la diminution de la mobilité (flexion, extension).

 

Les signes d’urgence :

Ils nécessitent une consultation immédiate : déformation visible, gonflement important accompagné de rougeur ou chaleur (infection possible), perte de sensibilité ou paralysie dans la jambe.

 

Focus sur les douleurs :

Les caractéristiques des douleurs permettent de les rattacher à leur cause.

Leur localisation doit donc être déterminée avec précision :

Douleur genou interne :

Douleur antérieures rétro-rotuliennes ou péri-rotuliennes :

 

Douleurs externes :

Douleur horizontale sur l’interligne interne :

 

Souffrance méniscale

Arthrose

 

Chondromalacie.

Arthrose fémoro-patellaire.

 

Douleur horizontale :

 

Souffrance méniscale externe.

Douleur verticale sur le trajet du ligament interne :

 

Lésion du ligament.

 

 

Douleur verticale :

 

Lésion ligamentaire externe.

Douleur verticale sur le bord interne de la rotule :

 

Souffrance rotulienne, instabilité.

 

 

 

 

À noter que l’hémarthrose est généralement synonyme de gravité. On l’observe en cas de fracture, rupture ligamentaire (notamment du LCA), luxation de rotule spontanément réduite, lésion d’un ménisque…

Quel diagnostic et examens sont nécessaires en cas de blessure au genou ?

Consultation médicale :

Elle est composée de l’interrogatoire et de l’examen clinique.

 

L’anamnèse :

Elle reprend notamment les circonstances de l’accident, les antécédents médicaux et de blessures, mais aussi l’histoire de la douleur : irradiation, intensité, type (mécanique ou inflammatoire), horaire, test à l’effort ou à certains mouvements précis.

Soyez vigilants aux éventuelles douleurs projetées : coxarthrose, névralgie crurale, phlébites, artériopathies.

L’examen clinique :

Il doit être méthodique, systématique et complet. Il permet souvent d’orienter le diagnostic sans recourir aux examens complexes.

L’inspection du genou commence par l’observation du membre inférieur (morphotype).

Il est suivi par l’évaluation des mouvements du genou : tests de mobilité (flexion, extension), palpation pour localiser la douleur ou les déformations, recherche de laxité ligamentaire.

À noter que la peau, les nerfs, les vaisseaux sanguins et les organes peuvent également être touchés.

 

Les Tests spécifiques :

 Le recours à l’imagerie n’est pas systématique, et doit être fait avec discernement, conformément aux nouvelles recommandations.

Il est donc particulièrement important que vous disposiez de tests cliniques permettant d’exclure, avec une quasi-certitude, une pathologie ou une lésion sans devoir recourir à un examen paraclinique. Parmi les tests les plus courants, on retrouve :

  • Le Test de Lachman et tiroir antérieur : rupture du LCA.
  • Le Test de McMurray : lésions méniscales.
  • Les règles d’Ottawa : elles permettent d’évaluer la nécessité de recourir à l’examen radiologique ou pas.

L’épreuve d’effort sera réalisée après un contrôle radio en cas de suspicion de fracture.

Le test de résistance est réalisé si les symptômes le permettent, sinon il sera effectué une fois l’œdème et la douleur améliorés.

Les examens complémentaires :

On retrouve essentiellement :

  • La radiographie : pour exclure une fracture.
  • L’IRM : évaluation des lésions ligamentaires ou méniscales, suspicion de lésions graves, présence d’une hémarthrose, absence d’amélioration malgré la mise en œuvre du protocole PRICE.
  • L’échographie : blessures mineures, épanchements.

Quels sont les traitements disponibles pour un traumatisme du genou ?

La plupart des déchirures partielles des ligaments, des tendons ou des muscles guérissent spontanément, tandis que les déchirures complètes nécessitent souvent une chirurgie.

Une fracture ou une luxation peut entraîner des lésions graves des muscles et des autres tissus mous.

Traitements immédiats :

  • Protection de la blessure
  • Glace (pour limiter l’œdème), compression, élévation en fonction des symptômes
  • Éducation du patient
  • Béquilles
  • Immobilisation temporaire avec attelle à visée antalgique ou bandage
  • Anti-inflammatoires ou antalgiques pour réduire la douleur
  • Parfois, drainage du liquide (sang, pus …).

 

Rééducation fonctionnelle :

Il s’agit surtout de :

  • La Kinésithérapie : exercices progressifs de restauration de la mobilité, renforcement musculaire des quadriceps et des ischio-jambiers.
  • Protocoles spécifiques : réhabilitation post-entorse ou post-opératoire.

 

Traitements chirurgicaux :

Ils dépendent de la lésion en cause. On retrouve principalement :

  • La reconstruction ligamentaire, en cas de rupture du LCA.
  • La suture ou la résection méniscale.
  • L’arthroscopie pour réparer ou nettoyer l’ Elle est indiquée dans le traitement de certaines lésions graves des ligaments ou des ménisques.

 

Approches complémentaires et innovations :

Certaines approches plus actuelles peuvent aussi être recommandées telles que :

  • Les injections intra-articulaires : PRP (Plasma riche en plaquettes), acide hyaluronique.
  • La cryothérapie et l’électrothérapie pour réduire l’
  • Les orthèses intelligentes pour surveiller la récupération.

Quelle est l'importance de la réhabilitation après une blessure au genou ?

Calendrier type de réhabilitation :

De manière générale, la réhabilitation se fait comme suit : 

  • Durant la phase initiale, qui dure de 0 à 6 semaines, l’attention est portée sur l’immobilisation du membre atteint et le contrôle de la douleur. Si la durée du repos n’est pas respectée, la période de rétablissement s’allongera.

 

  • La phase intermédiaire, qui dure de 6 à 12 semaines, les soins sont axés sur la rééducation active et la restauration de la mobilité.

 

  • La phase finale, qui dure de 3 à 9 mois, est basée sur le renforcement musculaire et le retour progressif à la fonction du membre.

 

Ce programme de réhabilitation sera adapté au type de blessure dont votre patient a souffert, à son âge, à son état général, et dépendra du traitement mis en place et de sa réponse, de l’implication de votre patient, de la présence de complication ou de récidives …

 

Exercices spécifiques :

Les étirements, pour prévenir la raideur, et le renforcement musculaire ciblé, pour stabiliser le genou, sont les principaux exercices à réaliser.

 

Protocoles de reprise sportive :

Le protocole de reprise du sport dépendra du résultat des tests fonctionnels, indispensables pour évaluer la force et la stabilité.

L’activité sportive devra être reprise progressivement et sous supervision.

Comment prévenir les blessures au genou lors de la pratique sportive ?

Programmes de renforcement musculaire :

Les exercices de renforcement musculaire ciblent surtout les quadriceps, les ischio-jambiers et les mollets.

 

Techniques sportives adaptées :

Pour prévenir les blessures au genou, il est indispensable d’éduquer votre patient aux gestes techniques afin de limiter les risques de torsion ou de chocs.

 

Équipements appropriés :

Certains équipements peuvent être recommandés tels que les genouillères ou les chaussures spécifiques, qui permettent une meilleure stabilité.

 

Échauffement et étirements  

Enfin, il est crucial de respecter les étapes d’échauffements et d’étirements, qui préparent les muscles avant la pratique d’une activité physique intense.

La phase de récupération est tout aussi importante pour permettre aux articulations de se reposer.

Complications possibles et leur gestion :

Si le traitement et les temps de repos ne sont pas respectés ou si la blessure n’est pas clairement identifiée ou tarde à l’être, certaines complications peuvent survenir, parmi lesquelles :

Les complications mécaniques telles qu’une arthrose secondaire à une blessure mal traitée, une raideur articulaire ou des adhérences post-opératoires.

Les complications infectieuses comme une arthrite septique post-opératoire.

Les complications fonctionnelles telles qu’une instabilité chronique ou des douleurs résiduelles.

Pour conclure...

Comme nous venons de le voir, il existe une grande variété de traumatismes du genou, et pour poser le bon diagnostic, il est nécessaire d’associer correctement la symptomatologie au type de blessure que présente votre patient.

L’évolution de la blessure dépend de la rapidité avec laquelle vous posez votre diagnostic, mais aussi de la prise en charge, et de la réhabilitation, qui doit être structurée.

Devant tout symptôme suspect, il est crucial que votre patient vous consulte le plus rapidement possible pour éviter tout retard de diagnostic ou de prise en charge.

Enfin, après un traumatisme du genou, votre patient doit impérativement s’impliquer dans les gestes préventifs, et adopter les bons réflexes pour une récupération optimale, et prévenir les récidives ou les complications à long terme.

Prenez-vous souvent en charge des blessures du genou ?

Êtes-vous à l’aise avec leur diagnostic ?

Que préconisez-vous pour soulager les gonalgies ?

Pour terminer, si vous avez trouvé cet article utile, n’hésitez pas à le partager.

Sources : 

HAS

Le Manuel MSD

Améli