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Zona : Comprendre les symptômes et la fatigue associée

L’essentiel en un coup d’œil :

  • Réactivation du VZV : zona fréquent, surtout >50 ans (×2 après 60). Éruption unilatérale douloureuse + fatigue souvent marquée.

  • Tableau clinique : prodromes (brûlures, fièvre, céphalées) → vésicules en bouquets 1–2 semaines → phase post-lésionnelle possible avec névralgies post-zostériennes.

  • Traitement clé : antiviraux dans les 72 h (aciclovir/valaciclovir/famciclovir) pour réduire durée, douleur et PHN ; antalgiques et prises en charge adjuvantes selon douleur/fatigue.

  • Complications & alerte : atteintes ophtalmique/auriculaire, surinfections, formes disséminées chez l’immunodéprimé ; consulter vite si visage/œil/oreille touchés, douleurs intenses, éruption étendue, fatigue persistante.

  • Prévention : vaccin Shingrix® (recombinant) recommandé ≥65 ans et ≥18 ans si immunodépression, 2 doses à 2–6 mois (1 mois si immunosuppression imminente), remboursé 65 % depuis 12/2024, efficacité >90 % ; Zostavax® retiré.

Le saviez-vous ?

Le zona est une maladie infectieuse virale fréquente, et parfois redoutée en médecine générale. Due à la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), elle touche chaque année plusieurs centaines de milliers de personnes en France, notamment après 50 ans. Le zona est en effet deux fois plus fréquent après 60 ans.

Le zona se manifeste par une éruption cutanée douloureuse, souvent localisée, mais aussi par une fatigue physique et psychique qui reste largement sous-estimée.

Souvent bénin, le zona peut cependant entraîner des complications graves chez les personnes âgées ou immunodéprimées : névralgies post-zostériennes persistantes, atteinte ophtalmique ou auriculaire, voire hospitalisation prolongée.

En tant que médecin généraliste, votre rôle est crucial : reconnaître rapidement les symptômes, instaurer un traitement antiviral efficace, soulager la douleur, accompagner la fatigue et promouvoir la prévention vaccinale.

Et c’est ce que nous allons voir ensemble ci-après.

Symptômes du zona

Après un épisode de varicelle, le virus n’est pas totalement éliminé de l’organisme : il reste en sommeil dans la racine des nerfs rachidiens.

Sa réactivation survient le plus souvent lors d’un affaiblissement du système immunitaire (maladie, traitement), mais elle peut parfois se produire sans cause identifiée.

 
Phase 1 — Prodromique (pré-éruption)

La phase prodromique précède de quelques jours l’apparition des lésions cutanées.

Le patient décrit des douleurs localisées le long d’un dermatome, des sensations de brûlures, de picotements ou d’élancements.

Ces symptômes sont parfois confondus avec une radiculalgie ou une douleur musculosquelettique.

On observe également une fièvre modérée (38-38,5°C), des frissons, des céphalées et une fatigue générale.

Les troubles du sommeil sont aussi fréquents, et sont généralement liés à l’intensité des douleurs. Cette phase, d’une durée de deux à cinq jours, est un moment clé : un diagnostic posé avant la phase éruptive améliore parfois le pronostic.

 

Phase 2 — Aiguë (éruption)

Elle correspond à l’apparition de vésicules regroupées en bouquet, sur un trajet nerveux bien limité et toujours unilatéral.

Les localisations les plus fréquentes concernent le thorax et le tronc, mais le visage, le cuir chevelu ou les membres peuvent aussi être atteints.

La douleur est souvent intense, décrite comme une brûlure ou un élancement, avec hypersensibilité cutanée (allodynie). Cette phase dure en moyenne une à deux semaines. La fatigue est de plus en plus marquée : les patients rapportent une lassitude physique, une baisse d’énergie et parfois un repli social.

 

Phase 3 — Post-lésionnelle

Les croûtes tombent en deux à trois semaines, et cicatrisent en principe sans séquelles. Mais pour certains patients, la cicatrisation des lésions ne rime pas forcément avec la fin de la maladie.

Des douleurs neuropathiques peuvent persister sous forme de névralgies post-zostériennes (PHN), particulièrement après 60 ans. Ces douleurs chroniques s’accompagnent souvent d’une fatigue prolongée, liée à l’insomnie, à l’épuisement nerveux et à l’anxiété qu’elles entretiennent. À ce stade, la qualité de vie est fortement altérée, parfois pendant des mois.

Le zona se manifeste par différents symptômes en fonction du nerf touché.

 

Localisation :

Symptômes :

 

Intercostale

Douleur lancinante, intense, en coup de poignard pendant 2-3 semaines (douleurs zostériennes).

Sensation de brûlure, pendant 1 à 7 jours.

Plaques rouges du côté atteint.

Éruption cutanée : vésicule en bouquets formant une bande allant de la colonne vers la région latérale du thorax.

Adénopathie.

Croûtes avec ou sans séquelles cicatricielles.

 

Ophtalmique

Larmoiement, œil rouge et gonflé.

Démangeaisons.

Sensibilité anormale à la lumière.

Troubles de la vision.

Lésion de la cornée.

Maux de tête lancinants (front).

 

Plusieurs poussées se succèdent sur 3 à 6 semaines.

Pas de corticoïdes locaux sans avis spécialisé : avis ophtalmo rapide.

 

Auriculaire

 

Otalgie.

Éruption cutanée à l’intérieur du pavillon de l’oreille.

Acouphènes.

Vertiges.

Baisse de l’audition.

Paralysie faciale périphérique, qui s’améliore en quelques semaines à quelques mois. Possibles séquelles.

 

Buccopharyngée

Troubles de la déglutition (fausses routes).

Perte du goût.

 

Abdominale 

Constipation (paralysie partielle de l’intestin).

Rétention urinaire.

 

 

À noter :

Chez les personnes dont le système immunitaire est fortement affaibli, le zona peut atteindre plusieurs zones du corps, voire tout le corps.

On parle alors de « zona-varicelle » ou de « zona généralisé ». Sinon, contrairement à la varicelle, il ne touche qu’un côté.

Comprendre la fatigue liée au zona

Mécanismes responsables

La fatigue du zona est un symptôme majeur : elle fait partie intégrante du tableau clinique.

Elle implique plusieurs mécanismes dont une réponse immunitaire et inflammatoire intense qui mobilise l’énergie de l’organisme, une douleur chronique qui perturbe le sommeil et empêche la récupération, et un impact psychologique fort.


Typologies de fatigue

On distingue la fatigue physique (épuisement, faiblesse), cognitive (difficultés de concentration, brouillard mental), et émotionnelle (anxiété, démotivation, baisse de moral).

Cette fatigue multidimensionnelle doit impérativement être reconnue pour pouvoir proposer des mesures de soutien adaptées.

Facteurs aggravants

Profils à risque

Les formes sévères surviennent surtout chez les personnes âgées et/ou immunodéprimées, et en présence de comorbidités chroniques (diabète, cancer, infection par le VIH…).

Le traitement antiviral, instauré tardivement —au-delà de 72h, majore encore les risques.

La question du stress comme facteur aggravant est aussi soulevée bien que les preuves scientifiques restent limitées.

 

Complications possibles

Les complications les plus redoutées sont :

  • Les névralgies post-zostériennes —qui touchent surtout les personnes âgées, et celles dont les prodromes furent sévères.
  • Le zona ophtalmique avec atteintes graves de l’œil (conjonctivites, kératites, kérato-uvéites, rétinites…).
  • Le zona auriculaire pouvant entraîner paralysie faciale et troubles auditifs.
  • Les surinfections cutanées bactériennes secondaires (grattage).
  • La dissémination généralisée chez l’immunodéprimé. 

Traitement du zona et de la fatigue associée

Antiviraux (si <72h après l’apparition)

Le traitement antiviral constitue la pierre angulaire de la prise en charge du zona. On y retrouve l’Aciclovir, Valaciclovir et Famciclovir, qui doivent être administrés idéalement dans les 72 heures.

Ils réduisent la durée et l’intensité des symptômes, et diminuent le risque de névralgies post-zostériennes.

Au-delà de ce délai, ils restent indiqués en présence de formes graves.

La durée de traitement habituelle est de 7 à 10 jours.

Les autres moyens mis en œuvre pour soulager les lésions du zona sont la douche (ou le bain) à l’eau tiède, avec un savon surgras, sans antiseptique, à raison d’une ou deux fois par jour, et l’application d’une solution antiseptique sur les vésicules que l’on peut couvrir pour éviter la transmission de la varicelle aux personnes non immunisées.

Exemple clinique :

Un patient psychotique de 35 ans, présentait un fébricule, et des lésions suintantes sur le thorax, depuis quelques jours quand il fut transféré du service de psychiatrie au service des Maladies Infectieuses et Tropicales (MIT).

L’aggravation des lésions, la résistance aux antalgiques classiques, et l’atteinte ophtalmique sévère par frottement et grattage nécessitaient une prise en charge spécialisée. Le médecin de ville a donc décidé d’orienter son patient vers son confrère, infectiologue.

L’évolution fut marquée par une décompensation psychotique associée à un risque d’automutilation, qui a nécessité le recours aux contentions.

Après plusieurs semaines d’hospitalisation, la maladie a régressé, et le patient a pu regagner son service de psychiatrie pour stabiliser sa maladie psychiatrique.

Ce cas illustre la gravité du zona ophtalmique et rappelle l’importance du diagnostic précoce et du traitement antiviral immédiat. Et demande une vigilance accrue face à cette population particulièrement vulnérable.

 

Antalgiques et traitements de la douleur

La prise en charge de la douleur est essentielle, et repose sur la prescription des antalgiques classiques : paracétamol, AINS, parfois opiacés faibles (codéine, tramadol).

En cas de douleurs neuropathiques persistantes, d’autres traitements peuvent être prescrits :

  • Des antidépresseurs imipraminiques (amitriptyline, clomipramine, imipramine).
  • Certains antiépileptiques (gabapentine, prégabaline),
  • Des emplâtres de lidocaïne ou patchs de capsaïcine.

Des approches complémentaires comme le TENS, l’EMDR, la kinésithérapie, la sophrologie ou la relaxation peuvent aussi être utiles en soutien, dans les cas chroniques.

 

Prise en charge de la fatigue

La prise en charge de la fatigue repose surtout sur un rythme de sommeil régulier (respect des repos et du sommeil profond), une activité physique douce (marche, étirements), une alimentation équilibrée et une bonne hydratation.

Un soutien psychologique peut aussi être proposé. L’objectif est de restaurer progressivement l’énergie et la qualité de vie.

Prévention et diagnostic précoce

Vaccination

Depuis 2024, un vaccin recombinant efficace est disponible : le Shingrix®.

Il prévient le risque de zona sévère et les douleurs post-zostériennes.

Il est recommandé chez les adultes à partir de 65 ans, et dès 18 ans chez les patients immunodéprimés.

Le schéma comporte deux doses à deux à six mois d’intervalle (un mois si immunosuppression imminente).

Depuis décembre 2024, il est remboursé à 65 %. Son efficacité est supérieure à 90 % chez l’immunocompétent.

À noter que le Zostavax® n’est plus disponible en France depuis 2024.

 

Détection rapide

Le diagnostic repose sur la clinique, et plus particulièrement sur l’éruption cutanée.

En cas de doute ou de formes atypiques comme le zona sine herpete, la PCR VZV peut confirmer le diagnostic.

Initier le traitement dans les 72 heures qui suivent l’apparition des vésicules reste crucial pour améliorer le pronostic.

Dans près de 9 cas sur 10, le zona régresse sans séquelles, après plusieurs poussées de vésicules qui s’étalent sur deux à trois semaines.

Quand consulter ?

Signes d’alerte à surveiller

Certains signes imposent une consultation rapide : éruption étendue, douleurs intenses, localisation sur le visage ou proche des yeux et des oreilles, fatigue persistante, aggravation des symptômes.

 

Populations nécessitant un suivi renforcé

Les femmes enceintes, les nouveau-nés, les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées doivent consulter dès l’apparition des premiers symptômes, en cas d’échec des traitements de première ligne ou en présence de névralgies post-zostériennes.

Enfin, la population psychiatrique ne doit pas être négligée.

FAQ

Peut-on avoir le zona sans bouton ?

Oui. C’est le cas du zona sine herpete où l’on retrouve les douleurs neuropathiques typiques mais sans éruption. Le diagnostic clinique peut être confirmé par PCR si besoin.

 

Le zona est-il contagieux ?

Non, pas directement. Mais une personne porteuse d’un zona peut transmettre la varicelle à une personne non immunisée par contact direct avec le liquide vésiculaire des lésions de zona.

 

Combien de temps dure-t-il ?

L’éruption dure 2 à 3 semaines. Dans 10 à 20 % des cas, les douleurs persistent plusieurs mois sous forme de névralgies post-zostériennes.

Pour conclure...

Le zona est une pathologie fréquente, encore trop souvent considérée comme bénigne. Pourtant, quand elle n’est pas diagnostiquée précocement, elle peut être lourde de conséquences.

En tant que médecin généraliste, vous avez un rôle majeur à jouer tant le repérage précoce de la maladie, que dans l’initiation du traitement antiviral, et l’accompagnement de la douleur et de la fatigue pour limiter les séquelles. Parce que le zona ne s’arrête pas qu’aux lésions.

Votre mission s’étend aussi à la promotion de la vaccination, notamment chez les personnes vulnérables.

Tous ces leviers permettent non seulement de prévenir ou traiter les complications, mais aussi et surtout de réduire le fardeau de la maladie et d’améliorer durablement la qualité de vie de vos patients.

Que pensez-vous de votre rôle dans la prise en charge du zona ?

Êtes-vous régulièrement confronté aux complications du zona ?

Enfin, si vous avez trouvé cet article utile, n’hésitez pas à le partager autour de vous.

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