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Comment reconnaitre une rhinite allergique

La rhinite allergique, manifestation la plus fréquente de l’allergie respiratoire, est une affection courante qui se caractérise par des salves d’éternuements, un écoulement et une obstruction nasale, parfois associés à des signes conjonctivaux.

Sa fréquence a été multipliée par quatre au cours des trois dernières décennies, atteignant plus de 25% de la population française dont 20% des enfants de moins de 9 ans.

Ses principales causes sont : les acariens, les pollens de graminées et les chats.

Généralement bénigne, elle est aussi un problème de santé publique, du fait de sa fréquence et de son impact sur la qualité de vie.

Dans les formes sévères, elle peut même constituer un véritable handicap.

Il est donc primordial de l’identifier correctement pour la traiter efficacement.

Sa prise en charge passe par des mesures d’éviction, un traitement médicamenteux et la désensibilisation.

1. Qu'est-ce que la rhinite allergique ?

La rhinite allergique résulte d’une réaction inadaptée des voies aériennes supérieures qui s’inflamment au contact d’une substance étrangère normalement bien tolérée (allergène).

Lorsque l’allergène entre en contact avec des cellules des muqueuses, certaines cellules voisines libèrent de l’histamine dans le sang, qui provoque les symptômes de l’allergie.

La rhinite allergique est dite intermittente si elle dure moins de 4 semaines et persistante si elle dure plus de 4 semaines consécutives.

La rhinite peut être chronique (rhume à répétition ou rhinite persistante) voire perannulle (tout au long de l’année).

La rhinite majore la survenue de l’asthme, qu’elle précède souvent, contribuant à son manque de contrôle.

2. Quelles sont les causes et les facteurs déclenchants de la rhinite allergique ?

Généralement, le rhume des foins est une allergie saisonnière liée à la production de pollen : de février à avril pour les pollens d’arbres (cyprès, bouleau, olivier, noisetier), de mai à juillet pour ceux des graminées (foin), et d’août à octobre pour les herbacées (herbes des fossés, fleurs).

pollen

Cependant, d’autres substances peuvent aussi les provoquer : acariens et leurs déchets, poils d’animaux, certaines substances chimiques et d’autres allergènes plus spécifiques au contexte de vie (aliments, blattes, moisissures).

La composante héréditaire est également importante. On considère qu’avec les deux parents touchés, le risque d’atteinte est de 70%.

 Les facteurs environnementaux et climatiques sont également responsables du nombre croissant de cas d’allergies.

3. Quels sont les symptômes de la rhinite allergique ?

  • L’inflammation des voies aériennes supérieures entraîne une congestion nasale obstructive et sécrétante (écoulement clair) associés à des éternuements fréquents en salve.
  • Les voies lacrymales et la conjonctive peuvent aussi être touchées.On parle alors de rhino-conjonctivite allergique,dont les symptômes sont : démangeaisons des yeux, rougeur conjonctivale, larmoiement, sensation de sable dans l’oeil, paupières enflées et collées.
  • D’autres symptômes peuvent aussi apparaître tels des démangeaisons de la gorge ou du palais, une toux, une fatigue, etc.

 

En fonction de l’intensité des symptômes (faible, modéré et sévère) et de leur durée, la rhinite peut fortement nuire à la qualité de vie. Elle peut induire des troubles du sommeil, une irritabilité, engendrer des arrêts de travail, un absentéisme scolaire, augmenter le risque de sinusites et d’otites, augmenter la fréquence des infections virales chez le bébé voire entraîner des difficultés respiratoires.

La rhinite entraîne des symptômes quasiment identiques à ceux du rhume d’origine virale, qui sévit surtout en période hivernale ou de la Covid-19.

Il est donc important d’établir le diagnostic différentiel.

Et, tout aussi primordial de consulter un médecin si les symptômes s’aggravent ou s’ils persistent.

4. Comment diagnostiquer la rhinite allergique ?

  • La consultation médicale :

Pour diagnostiquer la rhinite allergique, une consultation médicale est indispensable. 

Au cours de l’interrogatoire, le médecin recherche les antécédents allergiques personnels et familiaux ; analyse les symptômes, leur mécanisme de survenue ainsi que la fréquence des manifestations allergiques et, essaie de définir la nature de l’allergène responsable en tenant compte des facteurs environnementaux.

L’outil Pulse Life peut être d’une aide précieuse.

Le médecin traitant peut aussi adresser son patient à un allergologue pour compléter les investigations à l’aide des tests allergologiques qui permettront de confirmer et de déterminer les allergènes responsables.

 

  • Les tests cutanés de lallergie (Prick-test) :

C’est le plus couramment utilisé. Il consiste à déposer sur la peau, des gouttes des allergènes suspectés puis, de piquer à travers la goutte pour la faire légèrement pénétrer et évaluer la réaction provoquée au bout de 15 minutes.

Un dosage sanguin des anticorps immunoglobuline E (IgE) spécifiques à certains allergènes est demandé si les test cutanés ne sont pas concluants ou irréalisables.

 

  • Le test de provocation  :

Il peut être effectué en dernier recours, en cas de doute persistant.

L’allergène suspecté est alors administré à des doses progressives et croissantes, pour observer les réactions du corps.

Ce test est réalisé en milieu hospitalier en raison du risque anaphylactique qui en découle.

5. Comment prendre en charge une crise de rhinite allergique ?

  • Antihistaminique H1 :

Le traitement de première intention repose sur la prescription d’antihistaminique H1 dont les modalités de prise dépendront des symptômes : prise quotidienne en cas de rhinite persistante ; en si besoin, si elle est intermittente.

 

  • Corticoïdes nasaux :

Les corticoïdes nasaux, efficaces sur l’obstruction nasale, sont souvent utilisés en renfort ou en alternative aux antihistaminiques. Toutefois, ils exposent à davantage d’effets indésirables : saignement de nez, irritation, fragilisation de la muqueuse nasale en cas de traitement prolongé. La durée de leur utilisation doit être limitée.

Des décongestionnants et des collyres antiallergiques peuvent compléter la prescription.

 

  • L’immunothérapie allergique (ou “désensibilisation”) :

Pour améliorer les conditions de vie au long cours, on préconisera l’immunothérapie allergique encore appelée désensibilisation.

Elle consiste à administrer des doses progressives, régulières, croissantes et prolongées de l’allergène afin d’habituer l’organisme à le tolérer. Bien que prévue pour une période allant de 3 à 5 ans, les premiers résultats sont généralement obtenus en 3 à 4 mois.

Aujourd’hui, on lui préfère la désensibilisation par voie orale (extrait pollinique ou d’acarien) qui est moins contraignante et mieux tolérée.

La désensibilisation protège l’organisme jusqu’à plusieurs années après la fin du protocole. Plusieurs études montrent qu’elle réduit aussi le risque de développer d’autres allergies, et celui de voir apparaître un asthme. 

 

  • Des gestes quotidiens pour compléter la prise en charge :

Un ensemble de gestes quotidiens complète la prise en charge : mouchage régulier, lavages nasaux (pour les plus de 15 ans), utilisation d’un humidificateur, consommation de miel si mal de gorge, modification du régime alimentaire.

Certains remèdes homéopathiques peuvent être proposés mais leur efficacité n’a pas été prouvée.

Vers un nouvel espoir...

Dans une étude co-dirigée par deux scientifiques du CNRS et de l’Inserm*, une des molécules responsables du déclenchement de la réaction allergique vient d’être identifiée : la TL1A, de la famille des alarmines, émise par les cellules de l’épithélium pulmonaire quelques minutes après une exposition à un allergène de type moisissure.

Elle alerte le système immunitaire de la présence d’un allergène en coopération avec une autre alarmine : l’interleukine-33, déclenchant une série de réactions en chaîne responsables de l’inflammation allergique.

Les alarmines sont donc une cible thérapeutique d’un intérêt majeur dans l’allergie respiratoire. Les traitements à base d’anticorps bloquant l’alarmine TL1A pourraient notamment soulager les patients souffrant d’asthme sévère.

6. Comment prévenir et gérer la rhinite allergique au quotidien ?

L’éviction allergénique : qui consiste à réduire au maximum l’exposition à l’allergène. Efficace dans le cadre de l’allergie aux acariens, elle est plus difficile en cas de pollinose.

Il s’agit notamment de nettoyer et d’aspirer régulièrement le logement, d’éviter les tapis et moquettes, d’utiliser des housses anti-acariens, de choisir des matériaux hypoallergéniques, d’aérer le logement tôt le matin ou tard le soir, de fermer les fenêtres en fin d’après-midi (moment de forte densité pollinique), d’éviter les sorties en pleine nature lors des pics de pollen, et/ou de se doucher dès le retour au domicile après avoir été exposé au pollen. Le site www.pollens.fr peut être consulté pour organiser son quotidien.

Le patient peut aussi tenir un journal recensant les facteurs déclenchant les crises, leur intensité, l’efficacité des traitements… afin d’identifier plus clairement l’allergène, le cas échéant, ou d’ajuster le traitement en conséquence.

Enfin, arrêter le tabac est également un préalable à l’amélioration des symptômes.

Conclusion

La rhinite, véritable problème de santé publique, n’est donc pas à prendre à la légère. Identifier le(s) allergène(s) afin de proposer le traitement le plus efficace possible est essentiel.

Avec les récentes découvertes, de nouvelles perspectives s’offrent aux patients souffrant d’allergies respiratoires.

Toutefois, sans mesures concrètes et durables sur le dérèglement climatique et la pollution atmosphérique qui, aggravent les symptômes et augmentent le nombre de malades, seront-elles suffisantes ?

Pour aller plus loin, retrouver notre formation complète sur la rhinite allergique en cliquant sur le lien 

* travaillant à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier). Cette étude, co-dirigée par Corinne Cayrol et Jean-Philippe Girard, est publiée dans la revue Journal of Experimental Medicine le 10 avril 2024.